L'agence nationale de sécurité sanitaire a réduit l'autorisation d'usage de cet herbicide, très utilisé dans les vignes. Un surcoût pour les viticulteurs qui ont manifesté leur colère ce mardi 8 décembre, en bloquant notamment la gare de Narbonne.
Trois cents viticulteurs se sont rassemblés à Narbonne ce mardi matin à l'appel du syndicat des vignerons et de la FDSEA. Ils protestent contre la mise en place dès 2021 de nouvelles pratiques, réduisant fortement l’utilisation du glysophate dans le désherbage des vignes.
Les viticulteurs se sont rendus devant la gare de Narbonne. L'agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) autorise la SNCF à poursuivre l'utilisation du glyphosate pour désherber les voies ferrées. "Deux poids, deux mesures", expliquent les manifestants sur place, pendant que des CRS protègent les accès à la gare dont les rideaux de fer sont fermés. Les viticulteurs ont négocié une occupation des voies de la gare de Narbonne et sont rentrés dans le calme. La circulation des trains a été perturbée en milieu de matinée.
Pour Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude, "on est des paysans, on aime la terre mais on a des coûts économiques, des charges à payer chaque mois et il faut qu'on soit rentable."Trouvez-nous un produit de substitution et qu’on arrête ce débat fatigant et usant pour nous. "
Une délégation de viticulteurs s'est ensuite dirigé vers l’INRA de Pech Rouge à Gruissan, pour dénoncer son rôle dans les préconisations et les modalités de l’abandon du glyphosate.
Des restrictions ...
L'interdiction du glyphosate en France est une promesse d'Emmanuel Macron : cet herbicide est classé "cancérogène probable" depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les défenseurs de l'environnememnt réclament son interdiction depuis de longues années.En octobre 2020, un rapport de l'agence nationale pour la sécurité sanitaire (anses) a établi des restrictions d’utilisation du glyphosate pour la viticulture, l’arboriculture ou les céréales dès 2021. Une première étape avant l'interdiction totale de l’herbicide controversé, promise pour 2023, mais finalement reportée en 2025.
L'ANSES a passé en revue chaque usage du produit pour voir s’il pouvait répondre aux conditions requises par les règles européennes pour en limiter ou en interdire l'usage. Il faut qu'il existe une alternative non chimique, courante et qui ne pose pas d’inconvénients pratiques ou économiques "majeurs".
Le glyphosate, selon les experts de l'agence de sécurité sanitaire, peut être le plus souvent remplacé, en particulier par des moyens mécaniques : désherbage manuel ou à la machine. Un désherbage qui entraîne cependant des surcoûts liés notamment à la main d’oeuvre supplémentaire nécessaire.
Pour la vigne, grande consommatrice de glyphosate, l’usage de l'herbicide est interdit entre les rangs. Les doses annuelles maximales par hectare sont également réduites de 80%. Et les agriculteurs doivent tenir un registre phytosanitaire où ils consignent chaque utilisation du produit, un registre à conserver pendant 5 ans en cas de contrôle.
... et des exceptions
Des exceptions sont toutefois prévues pour les vignes en forte pente ou en terrasse et les sols caillouteux. Des situations où le désherbage mécanique est soit impossible, soit très coûteux.L’ANSES estime que le glyphosate - déjà interdit pour les particuliers et les collectivités comme tous les pesticides chimiques - peut être encore utilisé pour le désherbage des voies ferrées, des aéroports ou des sites industriels. Des usages peu importants, par rapport à la consommation agricole : la SNCF, très grosse consommatrice, n'en utiliserait qu'environ 40 tonnes par an.
Le glyphosate est le deuxième produit phytosanitaire le plus utilisé en France, derrière le souffre.