Les 230 salariés de Spanghero en appellent au soutien de la population de Castelnaudary, ce mercredi, avant un nouveau rendez-vous capital où ils attendent de savoir si un investisseur pourra reprendre au moins partiellement leur entreprise au coeur du scandale de la viande de cheval.
Mardi, à la veille d'un comité d'entreprise crucial, l'un des repreneurs potentiels, Laurent Spanghero, a dit à l'AFP avoir bouclé son projet et ses financements, et s'est montré relativement optimiste.
Les représentants du personnel sont convoqués à 15h pour un comité d'entreprise avec l'administrateur judiciaire. Les salariés exhortent les habitants à venir manifester leur sympathie sur le parking de l'usine avant la réunion. La mairie fermera ses grilles et les commerçants sont appelés à tirer leur rideau.
Preuve de la gravité d'une situation qu'ils étaient loin d'imaginer avant le scandale, il y a moins de quatre mois, les salariés sont partagés avant ce comité d'entreprise entre la volonté de continuer à travailler et celle de faire payer cher leur licenciement à leur actuel propriétaire, la coopérative basque Lur Berri.
Le climat est tel que les représentants du personnel entretenaient une part de doute mardi sur la tenue du comité d'entreprise (CE). Le précédent comité avait pris une mauvaise tournure le 28 mai. L'administrateur judiciaire, Christian Caviglioli, et les représentants de Lur Berri avaient été retenus plusieurs heures jusque tard dans la nuit.
L'administrateur judiciaire a réclamé mardi de la part des participants au CE des garanties écrites quant à sa sécurité, ont indiqué des délégués syndicaux.
"Hors de question" de les lui fournir, disent-ils, non pas que M. Caviglioli ait à craindre quoi que ce soit, mais ils ne peuvent "pas répondre de 200 personnes".
Les salariés, victimes du scandale
Pris dans la tourmente depuis plus de trois mois, salariés d'une entreprise désignée par le gouvernement comme un acteur principal d'un scandale européen, certains d'avoir bien travaillé et d'être les victimes d'agissements qui leur étaient étrangers, les salariés ont laissé s'épancher le 28 mai une colère jusqu'alors contenue.
L'administrateur judiciaire venait de leur annoncer que son plan social concernerait tout l'effectif de l'usine, spécialisée dans la transformation de viande et la fabrication de plats préparés. Les deux seuls projets de reprise partielle en discussion n'étaient pas financés. Mais ce sont surtout les mesures proposées par Lur Berri pour accompagner les licenciements qui ont exaspéré les salariés.
Lur Berri, qui a racheté l'entreprise aux frères Spanghero en 2009 et revendique de l'avoir ramenée à l'équilibre avant le scandale, a depuis formulé de nouvelles propositions.
Mais celles-ci restent méprisantes pour le personnel, disent les syndicalistes qui exigent une indemnité correspondant à trois mois de salaire par année d'ancienneté.
Ils escomptent un nouveau plan d'accompagnement mercredi.
Ils attendent aussi d'entendre l'administrateur se prononcer sur les projets de reprise. En dépit de la mobilisation des pouvoirs publics, les représentants du personnel n'avaient toujours connaissance mardi que de deux plans, et "c'est toujours les mêmes", disait Jean Aparicio (FO): celui des salariés eux-mêmes et celui de l'un des fondateurs de la société, Laurent Spanghero.
Laurent Spanghero y croit
Celui des salariés n'est pas abouti, avouent-ils eux-mêmes. Quant à celui de Laurent Spanghero, il est finalisé, a assuré l'intéressé à l'AFP. "Je peux dire ce soir que je réponds à toutes les conditions que l'administrateur judiciaire a imposées", a-t-il dit.
Il dit pouvoir compter sur 3,5 millions d'euros de financement. Son projet préserverait une centaine d'emplois, a-t-il dit. Il reprendrait toutes les activités de l'usine, mais dans des dimensions réduites, et y ajouterait une gamme végétale.
Spanghero, qui revendiquait 360 salariés avant le scandale, n'en fait plus travailler qu'une cinquantaine, selon M. Aparicio, de FO. L'entreprise ne s'est pas remise d'avoir été accusée mi-février d'avoir sciemment revendu du cheval à la place de boeuf à des entreprises produisant elles-mêmes des plats cuisinés comme des lasagnes pour de grandes marques ou de grands distributeurs. Ses clients se sont massivement détournés. La société est en liquidation depuis avril avec maintien de l'activité pendant trois mois.