Les ouvriers ne décollèrent pas: la décision du géant automobile pourrait condamner la fonderie. Ils étaient près de 3.000 à se mobiliser, la veille d'une audience déterminante avec le tribunal de commerce de Toulouse.
C'est le plus grand rassemblement que le bassin houiller de Decazeville, dans l'Aveyron, ait connu en pleine semaine. Ils étaient plusieurs milliers ce jeudi 25 novembre, près de 3.000, à partager colère et indignation avec les ouvriers de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM) de Viviez. Le refus de Renault, leur unique client, de soutenir l'offre de reprise portée par Patrick Bellity, l'ancien dirigeant de la fonderie jusqu'en 2016, condamne l'usine à une mort presque certaine. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s'est rendu sur place pour afficher son soutien, à la veille d'une nouvelle audience au tribunal de commerce de Toulouse. Les employés de la fonderie sont déterminés et veulent changer la donne: ils n'ont plus rien à perdre.
"C'est absolument scandaleux ce qu'il se passe", fustige Philippe Martinez, en pointant du doigt la décision de Renault et l'impuissance affichée de l'Etat, premier actionnaire du géant automobile. Rien n'a fait infléchir le constructeur automobile français. Ni le soutien de la région Occitanie - 900 000 euros de subventions et un prêt de 2,4 millions sur six ans - ou bien l'aide de 1 million d'euros et le prêt de 4,7 millions d'euros de l'Etat accordés au projet de reprise de Patrick Bellity, actuellement à la tête du groupe Alty et de sa filiale SIFA Technologies.
La liquidation ou la poursuite d'activité
La fermeture de la SAM pourrait conduire 340 employés à perdre leur emploi. Sur les murs de l'usine, ils ont affiché le portrait de chacun d'entre eux et leur ancienneté, pour mettre un visage derrière les chiffres. Dernière lueur d'espoir: que le tribunal de commerce de Toulouse fixe une nouvelle date d'audience ce vendredi 26 novembre pour prolonger de trois mois encore l'activité de la fonderie. Mais il pourrait également choisir l'option de la liquidation.
Une éventualité à laquelle ne peuvent se résoudre les ouvriers du site. Leurs avocats viennent de saisir le procureur de la République pour demander qu'une liquidation sèche ne soit pas prononcée à l'audience. "Il faut que demain le tribunal donne un délai, et que Renault assure ses engagements jusqu'au mois de mars le temps de retrouver un repreneur", déclare Philippe Martinez. Et c'est cette même pensée qui anime les milliers de personnes présentes devant la SAM ce soir-là.