Une quinzaine de tracteurs sont partis ce matin vers 4h du Nord-Aveyron pour aller manifester à Clermont-Ferrand. Les agriculteurs -et notamment les éleveurs- expriment une fois de plus leur désarroi face à la nouvelle PAC qui sera mise en place en 2023.
Jeudi 25 mars, quelque 500 tracteurs et 2500 manifestants sont présents à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Ils demandent comme toujours à pouvoir vivre dignement de leur travail et d'être moins tributaire des primes européennes qui pourraient baisser avec la nouvelle PAC prévue pour 2023.
Une quinzaine de tracteurs du Nord Aveyron
Dès hier soir, les préparatifs ont commencé. Il faut dire qu'une montée en tracteur jusqu'à Clermont-Ferrand demande un peu d'organisation. Les agriculteurs aveyronnais sont des habitués des événements médiatiques. On se souvient de la montée sur Paris pour protester contre le camp militaire du Larzac. L'image des tracteurs sous la tour Eiffel a fait le tour du monde. Plus récemment, ils ont participé au blocage du périphérique toulousain.
Cette fois, les tracteurs ont pris la direction de Clermont-Ferrand pour perturber la circulation et se faire entendre. Pour François Solignac de Laguiole, il faut montrer sa colère : "Personnellement, je vais perdre 15 000 € de subventions avec la nouvelle PAC soit le tiers de la somme. C'est essentiellement la prime à la vache allaitante qui risque de diminuer de 50%. On va donc faire un coup médiatique, remonter sur l'autoroute pour faire voir qu'on est là et que nous sommes solidaires."
L'élevage bovin traverse une nouvelle crise, la viande se vend de moins en moins bien (en tous cas chez l'agriculteur). La nouvelle PAC pourrait voir baisser la prime à la vache allaitante, c'est-à-dire pour les agriculteurs qui font de l'élevage (pas les laitiers).
La CUMA de Laguiole qui compte 40 membres a prêté du matériel (des tracteurs) pour cette opération. Cette manifestation régionale est organisée par les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA. Elle est soutenue par la Fédération nationale bovine et son président Bruno Dufayet éleveur dans le Cantal.
Retour sur l'installation #placedejaude pour les + de 500 tracteurs. Arrivée des manifestants piétons en cours
— Fnsea 63 (@Fnsea63) March 25, 2021
Avec les #JA63 @FRSEA_AURA @JA_AU_RA pic.twitter.com/gH4Z9K3XJ0
Des syndicats partagés
Une fois de plus, le syndicat agricole majoritaire (FNSEA et sa composante Jeunes Agriculteurs) prônent une démonstration de masse là où d'autres syndicats y préfèrent des actions coups de poings. Parmi les cibles du jour : la nouvelle PAC. La Confédération Paysanne n'est pas forcément contre. Pour Sébastien Persec, porte-parole du syndicat en Aveyron : "On voudrait des aides plafonnées et attribuées à l'actif (l'agriculteur) et non pas à l'hectare comme c'est le cas pour le moment. Car distribuée ainsi, la prime contribue à faire augmenter le prix du foncier." Le syndicat défend les exploitations à taille humaine qui préservent l'emploi sur un territoire.
Autre syndicat : la Coordination Rurale. Pour Noël Entraygues son porte-parole de l'Aveyron, les trois syndicats sont au moins d'accord sur le constat : la crise traversée par le secteur bovin-viande. Mais selon eux, la PAC n'y est pas pour grand chose. "De toute façon il faut se faire à une réalité : les sècheresses à répétition. Donc on ne va pas maintenir les troupeaux sur un même nombre sachant qu'il sera difficile de le nourrir. Donc nous proposons d'établir un quota sur trois ans et ensuite de pouvoir renouveler notre troupeau sans pour autant l'augmenter. Ce qui va entraîner effectivement une baisse des primes."
Cette manifestation à Clermont-Ferrand -mais aussi à Lyon- sert aussi à mettre la pression sur le gouvernement. Elles ont notamment pour cible la Loi Alimentation (Loi Egalim) votée en 2018 qui devait leur assurer un prix de vente dans la grande distribution leur permettant de vivre de leur production. Selon eux, c'est un échec. Les 60 millions d'euros d'aides d'urgence annoncés par Jean Castex début mars dans la Creuse ne les ont pas apaisés davantage.
Plusieurs agriculteurs prévoient de rester sur les lieux de manifestation le temps qu'il faudra pour que leurs revendications soient entendues.