Aveyron : les éleveurs de l'Aubrac veulent réguler le vautour, responsable selon eux d'attaques sur leur bétail

Charognard de nature, le vautour-fauve réintroduit en Aveyron est-il devenu un chasseur-prédateur ? Les agriculteurs du plateau de l'Aubrac en sont convaincus et dénoncent une multiplication des attaques. En début de semaine, deux veaux auraient été dévorés "vivant".

"Nous en sommes déjà à treize attaques recensées cette année", déplore Romain Déléris, président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron.

La dernière en date, c'était en début de semaine sur le plateau de l'Aubrac. A l'estive où se trouvent ses bêtes pour l'été, un éleveur a découvert les carcasses de deux de ses veaux.

Pour ce dernier, aucun doute : les animaux ont été dévorés vivant par les vautours présents en nombre en cette période de l'année dans le ciel aveyronnais. La veille déjà, l'agriculteur avait fait venir un vétérinaire pour soigner les deux mêmes veaux, souffrant de plaies causés selon lui par les rapaces.

Depuis le début de l'année, Régis Chardaine dénombre cinq veaux tués et trois blessés. Un préjudice qu'il estime à près de 20 000 euros. Le rapace n'étant pas classé parmi les prédateurs, aucune indemnisation n'est prévue par la règlementaion. 

On constate un changement de comportement. Les vautours sont tellement nombreux qu'ils n'arrivent plus à trouver suffisamment de nourriture sauf à s'attaquer aux animaux vivants.

Romain Déléris, président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron

 

Charognard ou prédateur ?

Le vautour, charognard de nature, serait-il devenu un chasseur et un prédateur ? Impossible, répondent les associations naturalistes. Pour Renaud Nadal de la Ligue de Protection des Oiseaux des Grands Causses, "les vautours ne sont pas des prédateurs mais ils peuvent s'en prendre à un animal blessé et incapable de se mouvoir". 

Sauf que certains agriculteurs disent avoir vu des vautours véritablement "chasser" leurs proies. "Je n'y crois pas du tout", rétorque le naturaliste qui veut bien, en revanche, envisager une autre explication : "Sur les causses, les vautours volent parfois près des troupeaux et se posent même à côté sans que ça les effraie. Mais dans l'Aubrac, les vaches qui n'ont pas l'habitude peuvent s'affoler, courir et se blesser. Pourquoi pas ? Mais ce phénomène, on ne le connait pas à ce jour, il faut qu'on l'observe". 

Un oiseau de discorde 

Le 29 juillet dernier, après de nouvelles "attaques", la LPO était venue exposer au cours d'une réunion avec des agriculteurs et d'autres acteurs du territoire, ses connaissances en matière d'habitat et de mode de vie du rapace, études scientifiques à l'appui. Pas convainquant pour le monde agricole qui souhaite désormais une régulation de la population. "Ce que nous demandons, c'est de revenir à un point d'équilibre. Nous ne sommes pas contre le vautour mais sa population est devenue trop importante", justifie Romain Déléris avant d'expliquer : "Des solutions existent comme la neutralisation des oeufs".

Mais, pour les autorités, la question de sa régulation ne semble être pour l'heure pas d'actualité, le vautour étant classé "espèce protégée" ! En Aveyron, le rapace est essentiellement présent dans les vallées de la Dourbie, du Tarn et de la Jonte. L'an dernier, 750 nids ont été identifiés.

Voir le reportage de Robin Doreau et Véronique Galy, de France 3 Occitanie :
 

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