La mobilisation à la SAM (Société Aveyronnaise de Métallurgie) dans l'Aveyron ne faiblit pas : mardi 27 avril, les salariés ont manifesté en nombre à Villefranche de Rouergue pour mettre la pression sur la députée LREM Anne Blanc et devant la sous-préfecture à deux jours d'une réunion cruciale.
Ils sont 365 et sur eux plane la menace de 200 suppressions d'emplois : les salariés de la SAM (Société Aveyronnaise de Métallurgie) de Viviez-Decazeville ont manifesté en grand nombre à Villefranche de Rouergue ce mardi 27 avril.
Objectif de cette mobilisation : mettre la pression sur la députée LREM Anne Blanc et sur la sous-préfète Pascale Rodrigo, à deux jours d'une réunion cruciale pour l'avenir de cette entreprise qui fabrique principalement des pièces pour l'industrie automobile.
De reprise en redressement
Depuis le 10 décembre 2019, cette entreprise a été placée en redressement judiciaire et attend toujours une décision sur sa reprise éventuelle.
La société chinoise Jinjiang, qui l'avait elle-même reprise deux ans plus tôt (fin decembre 2017), avait alors annoncé son intention de supprimer 250 postes sur les 485 que comptait à l'époque le premier employeur privé du bassin de Decazeville.
En cause, la très forte baisse de commandes du principal client de l'équipementier automobile nord-aveyronnais : le constructeur français Renault.
L'Espagnol retire son offre
D'épisode en épisode, le feuilleton de ce redressement judiciaire a abouti le 9 mars dernier à la constatation qu'un seul véritable candidat-repreneur était sur les rangs : l'équipementier automobile espagnol CIE Automotive, avec à la clé l'annonce de la suppression de 214 emplois.
Devant la levée de boucliers déclenchée par cette annonce CIE Automotive a décidé de retirer son offre, ce qui laisse la fonderie aveyronnaise dans l'expectative.
Mobilisation record pour un plan B
Depuis cette date, la mobilisation contre ce projet n'a cessé de monter en pression : son paroxysme a été atteint ce dimanche 25 avril lorsque 3500 personnes ont manifesté devant l'usine pour exprimer leur soutien aux salariés.
Entretemps le tribunal de commerce de Toulouse a décidé de prolonger de 3 mois la "période d'observation", soit jusqu'au 10 juin prochain, pour permettre à un éventuel "plan B" de se faire jour.
Dans cette optique le personnel s'est mis en grève le jeudi 15 avril dernier, et a décidé de bloquer l'usine pendant que plusieurs actions de mobilisation se mettaient en place : la dernière en date - et la plus importante - était celle de dimanche dernier et la manifestation de ce mardi après-midi en était le prolongement.
Les représentants du personnel de la SAM ont expliqué leur point de vue :
- la députée LREM de la circonscription, Anne Blanc, avait manifesté son soutien au plan de reprise présenté par la CIE Automotive, malgré la perpective de 60% de suppressions d'emplois, d'où le choix de lui mettre la pression en se rassemblant devant sa permanence parlementaire à Villefranche de Rouergue
- après une "déambulation" dans les rues de la ville les manifestants se sont regroupés devant les grilles de la sous-préfecture et ont balancé quelques carters par-dessus, pour montrer à la représentante de l'Etat Pascale Rodrigo qu'il fallait passer aux actes concrets, après l'annonce faite hier lundi par le ministre de l'économie Bruno Le Maire d'un plan d'aide de 50 millions d'Euros en faveur des fonderies françaises
- désormais la balle est dans le camp de Renault : le constructeur automobile français s'était entendu sur le maintien d'un certain niveau de commandes avec la CIE Automotive, et avait confirmé auprès du tribunal de commerce son soutien financier à la SAM
- la récente nomination d'un nouvel administrateur judiciaire est considérée par eux comme un signe allant dans le bon sens.
Une réunion - sans-doute sous forme de visioconférence - doit se tenir ce jeudi 29 avril entre les représentants du personnel de la SAM et des responsables du constructeur automobile : leur objectif est de pousser leur principal client à "sortir du bois" et se positionner clairement pour la reprise de la société et de ses salariés. Ils placent leurs derniers espoirs dans ce "plan B".