Un entrepreneur français incarcéré en Indonésie en grève de la faim depuis cinq mois, a été extradé jeudi vers Hong Kong, a annoncé le chef de la diplomatie française qui "désapprouve" cette décision, tandis que sa défense en France parle d'un "enlèvement".
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui ne s'était jamais exprimé auparavant sur le sujet, a fait publier un communiqué concernant le sort de Mathias Echène, emprisonné depuis 2017.
"Je désapprouve cette décision qui a été prise par les autorités indonésiennes sans que nous en ayons été informés et alors que notre inquiétude sur la dégradation de l'état de santé de M. Mathias Echène était connue", a déclaré le ministre.
"Mathias Echene a été conduit de force ce matin par les autorités indonésiennes jusqu'à l'aéroport de Bali pour être envoyé vers Hong Kong, sans aucun titre judiciaire et en toute illégalité", ont dénoncé ses avocats, Clémence Witt et Victor Champey, qui parlent d'un "enlèvement".
"Ni le consulat (de France), ni ses avocats n'en ont été informés en amont, alors que la procédure l'imposait", selon eux.
Ils affirment que cette remise à Hong Kong intervient à quelques jours de la publication par les Nations unies d'une décision enjoignant Jakarta de libérer M. Echène.
Sa défense "avait saisi le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, qui a examiné le dossier en août et a rendu une décision demandant de procéder à sa libération immédiate", explique Me Witt.
Cette décision avait été notifiée aux avocats et aux autorités, et devait être rendue publique dans les prochains jours.
"Un état de santé catastrophique"
Pour son entourage, cette décision d'extrader M. Echène vers Hong Kong est d'autant plus inquiétante que Mathias Echène,
en grève de la faim depuis le 1er avril est dans un "état catastrophique" et a perdu "25 kilos", selon son avocate.
Selon ses soutiens qui avaient adressé une pétition au ministère des Affaires étrangères, M. Echène est incarcéré depuis le 29 juillet
2017 "dans une prison balinaise pour un conflit commercial qui l'oppose à ses anciens associés de Hong Kong".
Ancien trader, il s'était reconverti dans la construction de maisons de luxe à Bali. Selon le quotidien Le Parisien, ses associés - de richissimes financiers"M. Mathias Echène faisait l'objet d'un suivi particulier de nos services consulaires à Djakarta. Il continuera de bénéficier de tout le
soutien et de l'assistance de notre consulat à Hong Kong", a assuré M. Le Drian dans son communiqué.
de Hong Kong et de Singapour - l'ont accusé de "surfacturations frauduleuses sur deux projets immobiliers". En avril 2012, ils ont lancé des poursuites civiles et pénales à Hong Kong et en octobre 2013.
"Victime d'un déni de justice"
En mars 2015, le Français a été condamné - en son absence- par le tribunal de Hong Kong à verser des indemnités de près de trois millions d'euros à ses ex-associés.
Pour le comité de soutien créé par sa soeur, Mathias Echène est "victime d'un déni de justice" : la France, via la cour d'appel de Paris, a d'ailleurs refusé en mars dernier "de reconnaître en droit français les jugements de condamnations civiles prononcées à Hong Kong", rappelle-t-il.