"C'est un lieu où on peut approfondir nos combats", une amitié qui dure entre les Kanak de Nouvelle-Calédonie et les militants du Larzac

La Nouvelle-Calédonie tente encore de se remettre de la violente crise, qui secoue le territoire depuis le 13 mai dernier. Les émeutes ont provoqué la mort de 7 personnes dans l'archipel. L'économie est fortement touchée et les discussions politiques n'ont toujours pas repris. C'est dans ce contexte qu'une délégation indépendantiste du FLNKS est venue en Aveyron sur le Larzac.

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Trois semaines après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, une délégation indépendantiste du FLNKS est venue sur le Larzac en Aveyron ce dimanche 2 juin. Un îlot de paix pour ces militants indépendantistes.

Le Larzac terre Kanak

C'est une enclave Kanak, au beau milieu de l'Aveyron. Il n'y a qu'une clôture, pour frontière symbolique et des drapeaux. Ce terrain a été offert par les agriculteurs, militants du Larzac, à leurs amis indépendantistes néo-calédoniens.

Alors régulièrement, des délégations de Kanaks, le Front de Libération nationale Kanak socialiste, viennent y faire halte. Ce dimanche 2 juin, quatre militants du FLNKS sont venus rappeler leur opposition à la réforme du corps électoral calédonien. Le Larzac, pour eux, c’est un point d’étape essentiel.

Des liens d'amitié depuis 50 ans

"Tous les sujets, qui ont été traités dans les années 80, c'est le combat que nous sommes encore en train de mener", estime Dominique Fochi, secrétaire général de l'Union calédonienne au Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). "On est toujours sur les mêmes thèmes, le corps électoral, la décolonisation, l'accession du pays à la pleine souveraineté. Nous, on continue le travail et c'était important de passer par ici". Les Kanaks ont tissé des liens avec les paysans du Larzac, au nom de la lutte anticolonialiste et du combat pour la terre.

Tout a commencé dans les années 70. Alors que les agriculteurs se battent contre l’extension du camp militaire, Jean-Marie Tjibaou, leader indépendantiste, soutient leur lutte. Pour tous, se retrouver ici est moment de partage. Les militants s’échangent des cadeaux de bienvenue, selon la coutume : " Ce n'est pas un lieu de mémoire, c’est un lieu vivant, en Kanaky ce lieu est connu", raconte José Bové, ex-député européen et militant du Larzac. "C'est un lieu où on peut approfondir nos combats. Et ce combat contre le colonialisme a toujours réuni le Larzac et les Kanaks".

Un lieu de recueillement

Autour d'un pique-nique aux airs d’assemblée politique, les Kanaks racontent ce qu'ils ont vécu et comment ils entendent peser sur les discussions politiques dans l'archipel. Pour beaucoup, c'est aussi un temps de recueillement. "C’est la maison et qui dit la maison, dit lieu de ressource, lieu de vie", témoigne Daniel Wea, président du mouvement des jeunes Kanaks au Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

À l’abri de cette hutte, à la croisée de l'architecture Kanak et locales, des murs sont ornés de tissus tendus par les passants kanaks au fil des années. "Personnellement, je suis toujours ému quand j'arrive ici " poursuit Daniel Wea. "Il y a quelque chose qui nous rappelle notre terre natale. C'est comme un endroit sacré". Toute cette semaine, les militants du FLNKS poursuivent leurs rencontres politiques dans l'hexagone. Ils revendiquent "l'abandon du projet de réforme à l'origine de la crise".

À Nouméa, le calme est revenu. Mais un calme précaire, en attendant la décision du président de la République.

Article écrit en collaboration avec Nell Saignes. 

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