Confinement : face à la crise une productrice de l'Aveyron vend des cabécous par SMS

Une productrice de fromages tire les premières leçons de la crise à Entraygues-sur-Truyère en Aveyron. Faute de marchés pour vendre ses cabécous, elle prend les commandes par SMS ! Le confinement aura des conséquences positives sur sa façon de travailler.

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C’est un petit local vitré qui abrite chaque été des artistes ou artisans locaux pour des expositions à Entraygues-sur-Truyère. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, des légumes biologiques et des fromages de chèvres y ont désormais leur place, tous les vendredis matins.
En remplacement du marché de plein air, suspendu pour raisons sanitaires, cette commune aveyronnaise d’un millier d’habitants a eu l’idée de prêter cet espace à trois producteurs locaux privés de leur circuit de distribution habituel. Les arrivées des clients au local sont filtrées et la gendarmerie surveille ce nouveau mode de distribution.
 

En moins de deux heures, Nadine Boulant a écoulé ses fromages de chèvres et de brebis. « Les gens commandent par téléphone, SMS ou via le site internet que nous avons lancé avec les autres producteurs : j’ai pratiquement vendu autant que sur le marché habituellement ».
Une bouffée d’oxygène qui fait du bien, sans doute liée aux achats des clients confinés qui ne sont pas originaires de la région mais qui ont choisi de venir à la campagne.

A Rodez, où elle vend également ses cabécous en vente directe, elle a perdu en revanche les trois quarts de sa clientèle. L’une de ses collègues dans le secteur envisage de jeter son lait. « Moi, je ne jette pas de fromages pour l’instant, au pire, ils sècheront (…) Je pense aussi les proposer aux supérettes et je n’hésite pas non plus sur certains trajets à m’arrêter chez des particuliers. »

Dans un contexte général qui fait trembler la profession l’épidémie ne pouvait pas tomber plus mal pour les producteurs de fromages.
  

Des chevreaux vendus à contre-coeur au Portugal

Nadine Boulant et son compagnon ont fait le choix il y a 8 ans d’élever une race de chèvre rustique et mixte, la chèvre Rove, au lait riche, ainsi que des chevreaux à la viande goûteuse. L’essentiel de leur chiffre d’affaires provient de la vente des fromages et la partie restante de la viande :  « On a dû se résigner à vendre en circuit long une quarantaine de chevreaux partis pour le Portugal. Nous sommes vraiment déçus. »
 


Un crève-coeur contraire à leur philosophie et un vrai manque à gagner par rapport à la vente directe : le prix passant de 13 euros le kilo en vente directe à 6 euros pour le Portugal. Il leur reste encore une trentaine de chevreaux habituellement destinés aux restaurateurs qu’ils vont tenter de vendre à des particuliers : « Pour pouvoir traire les chèvres pour les fromages, il nous faut absolument vendre les petits qui sont élevés sous la mère. »
 

« Il faut s’appuyer sur nous pour garantir la sécurité alimentaire »

Si elle relativise ses difficultés par rapport à celles rencontrées par les restaurateurs, Nadine s’étonne de la suspension des marchés de plein air :

Dans cette période, on devrait au contraire s’appuyer sur nous, les producteurs locaux,  pour garantir la sécurité alimentaire

Ingénieur agronome, auteur d’une thèse sur l’écologie des paysages, elle a choisi un mode de distribution exclusivement tourné vers la vente directe : « J’espère que la situation ne va pas durer pour les marchés, on pense que l’on peut vendre en extérieur en respectant les mesures barrières. »
Le maire d’Entraygues-sur-Truyère, Bernard Boursinhac, a demandé une dérogation à la préfecture ces derniers jours qui vient d'être acceptée. 
 

Les leçons positives à tirer de la crise

Nadine Boulant pense aussi à la suite avec ses collègues producteurs de légumes ou d’oeufs bio. L’idée de vendre des paniers de producteurs à l’année fait son chemin : « Cela peut être intéressant notamment pour les actifs qui ne peuvent pas venir au marché habituellement le vendredi matin , on y réfléchit déjà depuis quelques années mais ce n’est pas encore le moment d’en parler, on est encore dans les mesures d’urgence. »  

Un nouveau réflexe en revanche sera conservé : celui de récupérer noms et coordonnées de ses clients. «Je ne le faisais pas avant. Localement sur le village je connais les gens mais dès que je vais un peu plus loin comme à Rodez je ne les connaissais pas.»

Signe encourageant dans cette période de confinement, le montant moyen de chaque commande est plus élevé qu’habituellement, sans doute lié à des achats groupés. Cela sera-t-il toujours le cas dans quelques mois? Difficile à dire mais l’éleveuse espère passer ce mauvais cap : « chaque année on a des imprévus, comme des aléas climatiques mais ça, jamais on n’aurait pu l’imaginer. »
 
Les marchés ouverts en Aveyron
Le 12 avril dernier, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume appelle sur France 3 dans l’émission Dimanche en politique les maires et les préfets à la réouverture des marchés « à condition qu’il y ait le respect des normes sanitaires. »
Par arrêté préfectoral, une vingtaine de marchés ont été autorisés par dérogation en Aveyron. La plupart du temps il s’agit de communes où les habitants auraient du mal à s’approvisionner sans marchés et où ces mesures sanitaires peuvent être mises en place.

Saint-Amand-des-Côts, jeudi matin
Mostuéjouls, mardi matin
Saint-Rome-deTarn, le 2ème mardi du mois
Saint-Sernin-sur-Rance, le jeudi matin
Le Vibal, mercredi matin
La Cavalerie, samedi matin
Druelle Balsac, samedi matin
Naussac, vendredi soir
Foissac, vendredi soir
Lédergues, dimanche matin
Nant , mardi matin
Montbazens, mercredi matin
Villeneuve d’Aveyron, dimanche matin
Hameau Saint-Germain, commune de Millau, lundi matin
Hameau Le Mona, commune de Millau, mardi matin
Hameau Massebiau, commune de Millau, mercredi matin
Hameau Saint-Martin-du-Larzac, commune de Millau, jeudi matin
Le marché aux bestiaux de Laissac a également été autorisé le 21 avril à la condition qu’il ne réunisse pas plus de 100 personnes.
 
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