A Tournemire dans l'Aveyron, une violoncelliste donne un concert improvisé chaque jour à Midi dans son jardin. Un rendez-vous quotidien qui permet même en confinement de garder le lien avec ses voisins à distance du coronavirus.
Dans son jardin au pied du cirque de Brias, à Tournemire (12), Mathilde donne chaque midi un concert improvisé de violoncelle.
C’est devenu un rituel. Confinés dans leur maison, les 427 habitants de Tournemire, petit village du sud Aveyron, attendent avec impatience les 12 coups de Midi. C’est le moment pour eux d’aller à leurs fenêtres ou de descendre dans leur jardin pour écouter Mathilde Comoy-Robert, la voisine.
Mathilde est professeure de violoncelle au Conservatoire à Rayonnement Départemental de l’Aveyron.
Depuis le début du confinement, avec son mari et ses deux filles elle s’est installée dans sa maison de campagne de Tournemire.
"Mardi, France Musique a lancé un rendez-vous pour jouer du Bach à midi. J’ai pris mon violoncelle, je suis descendue dans le jardin et j’ai joué le prélude de la 1ère Suite de Bach", explique-t-elle.
Le succès est immédiat. Les fenêtres s’ouvrent, les voisins applaudissent, les rares voitures s’arrêtent et baissent leurs vitres, les demandes fusent.
Mathilde Comoy-Robert enchaîne les morceaux, classiques bien-sûr mais aussi musiques de film, variétés, airs traditionnels, en fonction de son inspiration et des demandes qu’on lui envoie par texto ou par téléphone.
Pour une copine fan de Michel Sardou, j’ai joué Le lac du Connemara", Ca s’est mis à danser sur les balcons ! Pour les enfants j’ai joué la chanson de Balou dans Le livre de la jungle. Et puis aussi du Vivaldi, les parapluies de Cherbourg, de la valse, du tango.
Parfois sa fille cadette, Margot, 15 ans, prend son violon et l’accompagne. Son mari, lui, s’occupe de l’après-concert : baguette, saucisson, vin de pays. "On a à manger, un jardin, de la musique, on espère juste que le coviv 19 ne passera pas par là".
En images le reportage de Mathilde De Flamesnil et Régis Dequecker
La musique permet de garder le lien avec les voisins
A 54 ans, la brillante et modeste violoncelliste s’étonne de voir chaque jour d’avantage de monde aux balcons et fenêtres des maisons voisines. Certains choisissent précisément cette heure pour revenir en voiture de leurs courses de première nécessité et se garer à proximité le temps du concert. Et comme Tournemire est couchée au pied du cirque de Bris, avec l’écho, les voisins mêmes les plus éloignés ont l’impression qu’elle joue chez eux.
"Avant, sur le champ en face de mon jardin, il y avait des vaches. Dès que je me mettais à jouer, elles se regroupaient et se rapprochaient de moi. Elles ne sont pas là en ce moment mais je vais demander à la voisine de les faire revenir. C’est mon rêve !"
Et les voisins ? Heureux évidement. "La musique nous lie, c’est un moyen de rester vivant".
Les concerts dureront le temps du confinement, vingt minutes tous les midis. Et pour le jour de la “libération”, un apéro-dînatoire suivi d’un concert est en projet.