En Aveyron, les derniers chiffres du tribunal de commerce ne sont pas très optimistes : en deux ans, le nombre de liquidation judiciaire a presque triplé. Si les commerces de proximité et l'hôtellerie-restauration sont les plus impactés, de plus en plus de secteurs sont impactés.
Sur les devantures des locaux vides, des pancartes "à louer". Au centre de Rodez, préfecture de l'Aveyron, les rideaux de fer des commerces baissent, mais ne se rouvrent pas. Dans cette boutique de prêt-à-porter, même les soldes n’attirent plus assez de clientèle.
Après 10 ans à la tête de son magasin de prêt-à-porter, Sylvie Parisot jette l’éponge : fin 2024, elle aussi pourrait fermer boutique.
"Je pensais à une reprise, mais vu ce que les banques et les comptables nous disent, franchement non, je ne le vois pas bien, décrit-elle. On a les bras qui baissent. Alors qu'on y croyait, moi, j'y croyais encore ! Mais il faut se rendre à l'évidence que cela va être très très compliqué à l'avenir."
Commerce, hôtellerie-restaurant mais aussi BTP
En Aveyron, le nombre de liquidations judiciaires a presque triplé en passant de 45 en 2021 à 121 en 2023.
Dettes et changement d'habitude des consommateurs
Asphyxiés par des dettes accumulées pendant la crise du Covid-19 et les changements d’habitudes des consommateurs qui préfèrent commander sur internet ou louer un airbnb, les commerces de proximité et l’hôtellerie-restauration peinent à envisager leur avenir.
"Autant en ville, les commerces arrivent à peu près à se maintenir, mais dans un département comme l'Aveyron, plutôt rural, on est en train de fermer des hôtels, des cafés, des restaurants dans les petites communes. Et donc on va avoir un désert où on va bientôt plus avoir plus un seul hôtel-restaurant dans les petites communes", s'inquiète Michel Santos, président de l'UMIH 12
Cap sur la formation
Les instances, comme le tribunal de commerce de Rodez, veulent anticiper ces liquidations pour stopper l’hémorragie.
A commencer par former les micro entrepreneurs, très présents dans le secteur du BTP.
"Aujourd'hui, c'est très facile de créer une société en trois clics, les gens connaissent leur métier techniquement, mais il faut aussi avoir des notions de gestion, savoir vendre son produit et il y a beaucoup de gens qui ont des limites",
Laurent Cantos, le président du tribunal de commerce de Rodez
Pour soutenir les chefs d’entreprise avant qu’il ne soit trop tard, une cellule d’écoute a été mise en place par le tribunal et la Chambre de commerce.
La multiplication des liquidations s'accélère aussi dans les grandes villes. À Toulouse en Haute-Garonne, la Chambre de commerce et d'industrie a comptabilisé, dans son dernier bilan, 192 procédures pour liquidation judiciaire l'an dernier contre 127 en 2019, l'année de référence avant Covid-19.