La colère agricole laisse derrière elles des dégâts et des... factures. Les collectivités locales vont devoir assumer le cout des réparations. Dans le Tarn-et-Garonne, la facture s'élève à plus de 200 000 euros suite à la dégradation de ponts.
La mobilisation des agriculteurs a été "payante". Plusieurs revendications ont été entendues par le gouvernement. Mais la colère des éleveurs et cultivateurs a également un coût. Dans le Tarn-et-Garonne des actions ont été menées sur 3 des ponts du département. Et cela va laisser des traces dans le budget de la collectivité : plus de 200 000 euros de réparation.
Des barrages toujours en place et des dégâts visibles
Quatre jours après la levée des blocages, les barrages sont toujours en place. Autour de la centrale de Golfech, les automobilistes se heurtent toujours à des routes barrées et des déviations. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont cessé leur mobilisation depuis jeudi dernier, le 2 février.
Le week-end est passé. Mais, ce 5 février, les travaux de déblayage et de nettoyage n'ont pas encore commencé, lundi 5 février 2024, dans ce recoin du Tarn-et-Garonne, aux confins du Lot-et-Garonne et la Nouvelle Aquitaine.
A quelques kilomètres de Golfech, la trace de la colère agricole prend une autre forme. Dans le village de Lamigestère, c'est un pont suspendu qui rappelle que les agriculteurs se sont mobilisés. Un rappel qui prend la forme d'une circulation alternée et d'un arrêté départemental placardé sur un panneau de signalisation.
Il y a quelques jours encore, l'ouvrage d'art (reliant les deux berges de la Garonne) servait de point de blocage à des agriculteurs. Désormais le passage est ouvert mais les voitures passent au compte goute et la circulation est interdite aux camions de plus de 3 tonnes 5. La cause de ces restrictions : un feu allumé par les manifestants.
Un incendie volontaire qui, d'ailleurs, aurait pu avoir de graves conséquences. En effet, commme le souligne le maire de la commune, "un tuyau de gaz court tout le long du pont. Cela aurait pu être catastrophique".
Les dégâts ne sont pas "spectaculaires" et ils sont visibles que sur une petite portion du pont. Mais le gestionnaire de l'infrastructure - le conseil départemental - a placé l'ouvrage sous étroite surveillance. Un contrôle des suspentes en acier doit notamment être réalisé.
100 à 150 000 euros de réparation pour un seul pont
La limitation de la circulation est une mesure provisoire et, en quelque sorte, "conservatoire". Mais la vraie mesure va consister à prélever et analyser l'acier qui compose le pont suspendu. Un acier qui a pu être fragilisé par le feu.
Le pont est capital pour notre commune. Il passe 5000 à 6000 voitures tous les jours. C'est une manne financière pour nos commerces car les habitants des communes voisines l'utilisent. On est dans l'attente des résultats de l'expertise. Pour le moment, nous en sommes à 140 000 euros et deux mois de travaux.
Bruno Dousson - maire de Lamagistère
La facture ne sera pas connue avant ce travail d'expertise. Mais le conseil départemental évalue le montant entre 100 000 et 150 000 euros.
Dépôt de plainte
Le conseil départemental annonce 3 factures. En effet, le pont de Lamagistère n'est pas le seul à avoir subi des dommages. Deux autres ouvrages ont également fait les frais de la colère des agriculteurs. Le montant est en cours de chiffrage s'agissant du pont traversant le canal de Golfech, à Malause.
En revanche, la collectivité livre un chiffre s'agissant du pont entre Castelsarrasin et Moissac : 80 000 euros.
Ce lundi 5 février, le conseil départemental s'est réuni en séance plénière à Montauban. La question du coût des manifestations agricoles a été abordée. Le président de la collectivité, Michel Weill, a annoncé déposer plainte contre les auteurs des dégradations.
Ce n'est pas la première fois que les manifestations agricoles occasionnent des frais pour les finances locales du Tarn-et-Garonne. En novembre dernier, le maire de Castelsarrasin a écrit une lettre au ministre de l'Agriculture pour que l'Etat prenne en charge le coût des manifestations sur sa commune : 350 000 euros.
Jean-Philippe Bésiers n'a reçu "aucune réponse à ce jour".