Une manifestation pour sauver les emplois de l'entreprise SAM à Viviez dans l'Aveyron a réuni plus de 3 000 personnes ce dimanche selon les organisateurs. Des salariés ont témoigné de leur attachement à la société.
Ils sont plusieurs à se succéder à la tribune installée devant l'entreprise. Des syndicalistes mais aussi des salariés, en colère, inquiets, émus. Des hommes et des femmes qui pour certains travaillent à la SAM (Société Aveyronnaise de Métallurgie) depuis plus de 20 ans. Ce dimanche, près de 3 500 personnes selon les organisateurs se sont rassemblées en signe de soutien face aux menaces de suppressions d'emplois.
La société frabrique des pièces en aluminium pour l'automobile à Viviez dans l'ancien bassin houiller de Decazeville dans l'Aveyron.
"Ne pas laisser 200 copains sur le carreau"
"Vous avez tous forcément chez vous ou dans votre bagnole une pièce qui sort de cette usine", dit un homme aux cheveux grisonnants. Il semble en colère.
Depuis plus d'un an, la SAM est en redressement judiciaire. En mars, le groupe espagnol CIE Automotive a proposé de reprendre l'entreprise mais avec 150 salariés seulement sur un total de 358. "J'aime mon entreprise, j'aime ces gens, j'aime notre bassin," dit encore le salarié. "Jamais je n'accepterai une offre de reprise qui laisserait 200 copains sur le carreau."
Depuis, les Espagnols ont retiré leur offre et la situation est au point mort. Officiellement, il n'y a plus de candidat à la reprise. Dans la foule venue apporter son soutien aux salariés ce dimanche, des familles avec des enfants. Tous connaissent au moins quelqu'un à la SAM. Comme Margaux, 23 ans. Son père et sa belle-mère travaillent dans l'entreprise. "Je suis là pour les soutenir eux et leurs camarades", dit la jeune fille inquiète. "C'est important d'avoir cette entreprise dans le bassin, si ça ferme, autour il n'y aura plus rien."
Des familles attachées à leur entreprise
A la tribune, Nathalie tente, malgré l'émotion, d'exprimer ce qu'elle ressent. Une grosse boule dans la gorge semble l'empêcher de parler quelques secondes mais elle reprend encouragée par la foule. "Je suis employée à la SAM depuis plus de 25 ans. Mon époux travaille à la SAM, la mère de ses enfants travaille à la SAM. Mon beau père est retraité de la SAM. Dans mon village de 500 habitants nous sommes seize de la SAM."
Une autre salariée prend la parole. Elle semble sûre d'elle mais sa main tremblante qui tient le texte qu'elle lit trahit son émotion. "On m'a dit parle de toi. Alors voila, moi je suis une entreprise : la SAM. Moi je suis 358 personnes. Moi je suis 358 emplois. Moi je suis un maillon de la chaîne SAM. Chaque maillon est un homme, une femme. Ces maillons ont un nom, un prénom, une histoire, une vie dans ce bassin. Nous nous battons tous pour la même chose : garder notre travail". Personne ne doit décider pour nous explique-t-elle. Pour cette salariée, on sacrifie l'entreprise au profit d'un capital. Et de conclure : "nous connaissons notre métier et nous voulons le conserver". Elle crie : "Je suis SAM !"