Replay.A la tête de la ville depuis 12 ans, Christian Teyssèdre (DVC) devrait rempiler pour un 3ème mandat à l’issue du second tour de scrutin. Avec 47% des voix le 15 mars dernier, il est le grand favori de ces élections municipales devant ses deux adversaires qui ont fait 25 et 20% au 1er tour.
Christian Teyssèdre, c’est celui qui a fait basculer Rodez à gauche pour la première fois en 55 ans en 2008. Pour son premier mandat, il menait alors une liste PS-PC-MRG-Verts qui avait été élue dès le premier tour de scrutin.
Six ans plus tard, il lui faudra attendre le second tour pour retrouver son fauteuil de maire, un fauteuil qu’il devrait conserver sans trop de mal au vu des résultats du premier tour.
Le maire sortant devance de très loin ses deux challengers. 46,82% pour Christian Teyssèdre, 24,61% pour Matthieu Lebrun (DVG) et 20,2% pour Serge Julien candidat LR-Alliés.
Soutien et guerre des nerfs
Principal challenger de Christian Teyssèdre, Matthieu Lebrun a officiellement reçu le soutien d’EELV pour le second tour. Pas sûr que ce ralliement suffise à faire vaciller le maire sortant.
Malgré cela, entre les deux candidats c’est la guerre des nerfs depuis plusieurs semaines. Christian Teyssèdre a même fait un signalement contre Matthieu Lebrun pour « mise en danger de la vie d’autrui », lui reprochant l’organisation d’une soirée électorale à la maison des associations au soir du premier tour. Soirée organisée « à l’encontre des mesures de précaution imposées par le gouvernement dans le cadre de la gestion de la crise de Coronavirus »
Des querelles politiciennes auxquelles il n’est pas certain que les Ruthénois soient très réceptifs car dans le bassin, les préoccupations se portent sur d’autres sujets.
L'essentiel du débat
Rodez, c’est 24.000 habitants, 58.000 avec l’agglomération, une ville qui affiche un taux de chômage relativement bas grâce à un tissu industriel diversifié. Parmi les locomotives économiques, la Bosch qui depuis quelques années doit faire face à des turbulences.
Rodez, c’est également la capitale de l’outre noir depuis l’ouverture en mai 2014 du musée Pierre Soulages. Un atout culturel qui a attiré 800.000 visiteurs depuis son ouverture.
A Rodez, comme ailleurs, le taux de participation au premier tour a été très faible puisque la ville a enregistré 64% d’abstention. Pour les 3 candidats présents sur le plateau de France 3, la participation sera une des clés du deuxième tour.
Christian Teyssèdre, maire sortant DVC, a salué l’initiative du gouvernement visant à doubler le nombre de procurations, ce qui a immédiatement fait réagir Serge Julien. Le candidat LR-Alliés a reproché à Christian Teyssèdre son appel à procuration. « Je m’insurge, a dit Serge Julien, contre cette forme de racolage qui consiste à diffuser un numéro de téléphone privé. Les gens peuvent appeler. On ne sait pas à quoi correspond ce numéro, on ne sait pas qui répond, personne ne se présente et on vous propose de vous trouver un mandataire »
Les passes d’armes vont se poursuivre à l’évocation de la situation financière de la ville. Les deux opposants au maire sortant lui reprochent une gestion trop comptable dont il aurait fait un dogme. « Il a fait de la gestion financière de la ville l’alpha et l’oméga de sa politique en oubliant le bien-être et le bien-vivre des habitants » lance Matthieu Lebrun, tête de liste DVG. « Il faut réorienter les finances communales. Il faut arrêter les travaux de prestige et revenir au quotidien des quartiers qui ont été complètement oubliés »
« Cette approche purement comptable ne tiendra pas face aux enjeux sociaux et économiques issus de la crise que nous venons de vivre » renchérit Serge Julien
Christian Teyssèdre, lui, défend sa politique budgétaire basée sur la baisse des dépenses de fonctionnement. « La gestion de Rodez aujourd’hui est exemplaire. On est la ville moyenne d’Occitanie qui a la plus basse dette, même pas 5 millions d’euros. Quand je suis arrivé aux responsabilités, il y en avait 23 millions »
Quand les candidats abordent la question de la Bosch et les difficultés que rencontre l’entreprise, Christian Teyssèdre décoche une flèche à l’endroit de Matthieu Lebrun « Monsieur Lebrun est contre le diesel qui fait vivre 5000 personnes sur l’agglomération. Quand on est contre une diesel propre qui fait vivre autant de personnes, c’est qu’on n’aime pas l’économie »
Mathieu Lebrun évoque l’activité automobile dont le déclin est inéluctable. Il défend une mutation vers une énergie verte. « Il faut permettre à la Bosch de s’engager dans la transition écologique. Pour cela, il faut lui donner plusieurs années pour trouver des activités de diversification dont certaines sont déjà identifiées »
Une transition écologique qu’il évoquera également concernant les problèmes de stationnement et le verdissement de la ville. Il ne se gêne pas pour tacler le maire sortant sur une proposition de son programme, la plantation de 1000 arbres durant son prochain mandat. « Verdir son programme en disant qu’on va planter des arbres c’est être bien peu ambitieux en termes de transition écologique. On ne peut pas, si on prétend vouloir défendre l’écologie présenter un programme immobilier de 700 logements à Bourran 2. C’est anti-écologiste, ça ne va pas de l’avant, c’est du siècle dernier »
Sur la sécurité et les incivilités, c’est Serge Julien qui monte au créneau. « Nous devons traiter cette question sereinement. Ne pas être dans le déni. Traiter le problème avant que ça ne devienne insurmontable »
Christian Teyssèdre dément être dans le déni et assure que Rodez est une ville sûre. « Rodez a le taux de délinquance pratiquement le plus bas de France »
Voir le débat organisé par la rédaction :
La Bosch, enjeu prioritaire
Premier employeur privé du département, l’entreprise Bosch est depuis plusieurs années dans la tourmente. Spécialisée dans la fabrication d’injecteurs, elle a dû faire face au déclin des moteurs diesel en réduisant progressivement ses effectifs.
En 3 mois, la crise du Coronavirus l’a poussé un peu plus vers la spirale infernale. La Bosch a subi de plein fouet le recul historique des ventes automobiles. Il y a quelques jours, la direction a annoncé une nouvelle diminution d’effectifs avec un plan préretraite pour 130 salariés.
L’avenir de la Bosch sera un des enjeux majeurs de ce second tour des municipales. Comment limiter l’hémorragie, comment accompagner la reconversion des emplois, comment valoriser le site et les savoir-faire, sur toutes ces questions, les électeurs attendent des réponses claires des candidats.
Redynamiser le centre-ville
Dans un récent sondage, Rodez se classait 3ème des villes de même strate la plus agréable à vivre en France. Pourtant, cette douceur de vivre ne serait qu’apparente selon de nombreux Ruthénois qui déplorent une multiplication des incivilités et des dégradations, au point que le centre-ville se vide au fil des ans. Le futur maire sera très attendu sur sa capacité à redynamiser le centre-ville et à lui redonner de l’attractivité.
Le parc de la division
Autre enjeu de ces élections municipales, le projet de parc des expositions au cœur de la zone d’activités de Malan sur la commune d’Olemps. Cet équipement est loin de faire l’unanimité et pourrait coûter quelques voix à Christian Teyssèdre qui porte au nom de la communauté d’agglomération du Grand Rodez qu’il préside.
Si les abstentionnistes venaient jouer les trouble-fête
Le 15 mars, Rodez a enregistré un taux de participation parmi les plus faibles. Seuls 36% des électeurs se sont déplacés. Les 64% qui ont boudé les urnes se désintéresseront ils également du second tour ou iront-ils voter en masse ? Et si oui, pour quel candidat ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question.
Seule certitude, en 2014, Christian Teyssèdre l’avait emporté avec 48,5% des suffrages et un taux de participation proche de 65%.
3 candidats pour un débat d’idées
France 3 Occitanie se mobilise et invite les candidats en lice pour la mairie de Rodez à un débat autour des enjeux pour les 6 ans à venir. Un échange qui promet d’être animé, notamment entre Christian Teyssèdre et Matthieu Lebrun qui depuis le soir du premier tour sont à couteaux tirés. Rendez-vous sur France 3 Midi-Pyrénées le 19 juin à 18 heures.
Tous les débats à voir sur France 3
15 juin : Albi à 18H16 juin : Pamiers (sauf pour les téléspectateurs du Lot et de l'Aveyron) à 18H
16 juin : Millau (pour les téléspectateurs du Lot et de l'Aveyron) à 18H
17 juin : Moissac à 18H
18 juin : Tarbes à 18H et Figeac à 18H20
19 juin : Rodez à 18H
22 juin : Montauban à 18H
23 juin : Colomiers à 18H et Condom à 18H20
24 juin : Lourdes à 18H et Graulhet à 18H10
25 juin : Toulouse à 18H