Témoignage. "Il faut absolument un cessez-le-feu maintenant", un urgentiste raconte sa terrible expérience de soignant sous les bombes à Gaza

Publié le Écrit par Catherine Léhé

Soigner sous les bombes. Telle était la mission d'un médecin aveyronnais plongé pendant 12 jours à Gaza dans l'horreur de la guerre. Rentré en Aveyron, Pascal André revient avec des témoignages terrifiants. Il a animé une série de conférences dans le département pour alerter sur la situation dramatique au cœur du conflit au Moyen Orient.

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"Quand des bombardements arrivent, on voit des choses qui sont justes terribles", témoigne visiblement marqué Pascal André. Urgentiste à Rodez dans l'Aveyron, il est parti du 8 au 22 février dernier, comme médecin infectiologue à l'hôpital européen de Khan Younes dans la bande de Gaza, territoire en conflit avec Israël au Moyen-Orient.

Une délégation de médecins koweïtiens de différentes spécialités visite l'hôpital européen et participe à diverses opérations chirurgicales à Khan Yunis, Gaza, le 8 avril 2024. © DOAA ALBAZ / ANADOLU

Il y était en mission avec une délégation médicale de médecins jordaniens et américains, envoyés par la fondation américaine Rahma et l’association Palmed (Palestine médicale) dans le dernier grand hôpital fonctionnel de l’enclave palestinienne.

"Moi, comme infectiologue, j'ai vu les complications des choses terribles, c'est-à-dire quand les patients survivent aux bombardements ou aux tirs de snipers qui sont des tirs pour handicaper à vie et tuer, décrit -il à notre équipe de journaliste de France 3 Occitanie. Et on a donné à un certain nombre de juristes de preuves pour montrer que délibérément le désir de nuire était vraiment là."

Pascal André, médecin urgentiste Rodez et infectiologue, a participé à une mission médicale de 12 jours à l'hôpital européen de Khan Younès à Gaza au Moyen-Orient. © Nathalie Rougeau - France 3 Occitanie

Pour ce médecin, les blessures infligées aux civils sont "hallucinantes".

"Nous n'avons soigné que des blessures de guerre avec des blessures absolument terribles. Moi, c'était mon premier terrain de guerre, mais les collègues avec qui j'étais ont fait 25 ou 30 années de guerre, ils n'avaient jamais vu ça." 

En plus des bombardements réguliers, ce professionnel de santé décrit des conditions d'accès aux soins dramatiques, faute de quantité suffisante de médicaments pourtant disponibles à quelques kilomètres, mais dont l'accès est, selon lui, bloqué : 

Je vais au bloc opératoire, je vois un patient qui a l'air endormi et quand le bistouri commence à l'entailler qui hurle. Et là, on se rend compte qu'il n'y a plus d'opiacés. Voilà les conditions de travail des populations sur place.

Pascal André, médecin urgentiste parti à Gaza

Pascal André n'oublie pas ce jour où il a reçu 5 personnes décédées un matin, dont 4 jeunes enfants. "C'est juste insupportable, commente-t-il sous le choc. Il faut absolument un cessez-le-feu, maintenant."

Des Palestiniens pleurent près des cadavres de leurs proches alors que les équipes de l'Autorité de défense civile continuent de retirer les corps décomposés et démembrés des Palestiniens qui ont perdu la vie après les attaques israéliennes sous les décombres de Khan Yunis, à Gaza. © JEHAD ALSHRAFI / ANADOLU

Témoigner pour alerter

Depuis son retour, Pascal André ne cesse de témoigner de la situation sur place à travers les médias et des conférences. À Gaza, il a recueilli de nombreux témoignages audio et vidéo de soignants qui démontrent que le cahier des charges imposé par la Cour internationale de justice le 26 janvier 2024 n'est pas respectée. "Des paroles qui démontrent une autre humanité, un autre discours narratif que celui délivré depuis plus de 6 mois", affirme-t-il. 

Le bâtiment ravagé de l'hôpital Al-Salam (à droite) à Khan Yunis le 7 avril 2024. © - / AFP

Avec d'autres soignants français partis là-bas, il a participé à une tribune parue dans Médiapart pour dire leur incompréhension et dénoncer un manque d'humanité. "On a ramené des éléments de preuves d'une terreur vécue par une population civile qui n'a jamais exprimé un discours de haine, qui dit son désarroi, qui ne comprend pas cette situation qui a débuté pour elle non pas le 7 octobre dernier, mais il y a 75 ans et qui n'en peut plus. Cessez-le-feu !" 

(Article rédigé avec Nathalie Rougeau)

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