La société des rédacteurs de Midi libre et le club de la presse de Montpellier condamnent la campagne d'affichage du maire de Béziers visant l'indépendance des journalistes. Sur l'affiche, un chien tient dans sa gueule le journal au-dessus d'une inscription, "Tous les jours, l'info en laisse".
Les journalistes de Midi Libre dénoncent une "quête irrationnelle de polémique" et une campagne d'affichage "haineuse" du maire d'extrême droite Robert Ménard.
L'élu héraultais a fait placarder dans sa commune une photo d'un chien tenant dans sa gueule un exemplaire de Midi Libre, au-dessus d'une inscription "Tous les jours, l'info en laisse". "A qui appartient Midi Libre ?", interroge aussi l'affiche, avant de répondre : "à Jean-Marie Baylet, ministre des collectivités territoriales".
Dans un communiqué, la Société des Journalistes (SDJ) de Midi Libre dit avoir "pris connaissance avec colère" de la campagne d'affichage "haineuse" lancée par l'ancien journaliste et fondateur de Reporters sans Frontières, élu en 2014 avec le soutien du Front national.
Le maire de Béziers s'en prend "régulièrement depuis son élection aux journalistes de notre titre, individuellement ou collectivement", dénonce la SDJ. Selon eux, M. Ménard reproche au journal de ne pas avoir relayé son discours suite à l'attentat du 14 juillet à Nice.
"Le traitement et la hiérarchisation de l'information à Midi Libre dépendent de la seule rédaction et non de l'actionnaire majoritaire. A ce titre, le petit caprice de M. le maire de Béziers paraît bien dérisoire face à la gravité du drame qui a frappé Nice et la République", écrivent-ils.
Le rôle de Midi Libre "n'est pas de reproduire les discours des élus locaux" poursuivent-ils, s'interrogeant "sur le choix fait par M. le maire de Béziers de consacrer l'activité de ses services techniques et de communication à cette quête irrationnelle de polémique".
La Société des journalistes "constate -sans surprise, mais avec désolation- que le narcissisme et le nombrilisme de M. le maire de Béziers passent visiblement chez lui bien avant l'intérêt général".
Jean-Michel Baylet est l'un des co-propriétaires du groupe La Dépêche du Midi, qui possède le puissant quotidien régional du même nom et a racheté Midi Libre. Plusieurs membres de sa famille figurent dans l'organigramme du groupe, dont son ancienne épouse, Marie-France Marchand-Baylet, qui a succédé comme PDG à M. Baylet, devenu ministre en février.
Le communiqué du club de la presse de Montpellier
Ce mardi le club de la presse e Montpellier condamne "la campagne de dénigrement lancée par Robert Ménard.""Le Club de la presse Languedoc-Roussillon aurait préféré ne pas avoir, une fois encore, à réagir aux agissements indignes de Robert Ménard. Toutefois, face aux attaques répétées du maire de Béziers contre notre profession, nous tenons à rappeler que la liberté de la presse est inscrite dans la Constitution française.
Les journalistes sont seuls juges des propos et des faits qu’ils choisissent de retranscrire et n’ont aucune obligation de rapporter des paroles qui leur sembleraient haineuses ou plus simplement, en l'espèce, sans intérêt informatif, comme ce fut le cas après les différents rassemblements ayant eu lieu partout en France après les odieux attentats perpétrés à Nice.
C'est pour cette raison que le maire de Béziers aurait mis en place une campagne d'affichage mettant en cause l'honnêteté professionnelle des journalistes de Midi Libre.
Ce n'est pas la première fois que l'ancien secrétaire de Reporters sans frontières utilise l'argent des contribuables biterrois aux fins de servir son image, et non ses administrés.
Nous condamnons la campagne de dénigrement lancée par Monsieur Ménard à l'encontre de nos confrères et consœurs journalistes de Midi Libre, qui méritent le respect pour leur travail quotidien.".
Plainte ?
La direction du journal Midi libre envisageait de porter plainte mais nous n'avons pas eu confirmation de cette information ce 16 août.Par ailleurs, Robert Ménard doit s'exprimer dans sa mairie demain matin.
Mais qu'en pensent les habitants de Béziers ? Le reportage d'Anne-Sophie Mandrou et Nicolas Chatail
Des affiches placardées dans la ville de Béziers mettent en cause l'honnêteté de nos confrères de Midi Libre
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