À cause d'une récolte "historiquement faible", les olives du Languedoc pourraient manquer en 2021

En 2020, les cultivateurs d'olives du Languedoc sont confrontés à une perte de 80 à 90% de leur production habituelle, notamment à cause du temps humide qui a marqué la région au printemps. Une pénurie d'olives de table est à prévoir en 2021. Une demande de reconnaissance de calamité a été déposée.

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Dans ses vergers répartis dans le Minervois, Élena Anton n'a récolté que très peu d'olives. "On a eu une très bonne récolte l'année dernière et je m'attendais à ce qu'elle ne soit pas formidable cette année, car l'olivier est sensible et a besoin de repos."

Mais cette année, la déception est de taille : l'oléicultrice d'Argeliers (Aude) estime avoir perdu "70 à 80 % de sa production" habituelle. L'huilerie coopérative Oulibo de Bize-Minervois (Aude), avec qui elle collabore au même titre que 850 producteurs, n'hésite pas à qualifier la campagne 2020 d'"historiquement faible".

Une récolte "catastrophique"

Même constat à l'huilerie coopérative Olidoc, basée à Clermont-l'Hérault. "La récolte est catastrophique partout, pas que dans l'Hérault, déplore Jean-Paul Pagès, le responsable. On a une perte très importante sur l'olive de bouche [celle qu'on consomme telle qu'elle, à l'apéritif ou en salade, NDLR] et principalement sur l'olive de Lucques", qui possède son AOP.


Le gérant de l'huilerie, qui fédère 2 500 adhérents de l'Hérault, de l'Aude, du Var et du Gard, n'a rentré fin octobre que 10 tonnes d'olives de bouche - 2 d'olives de Lucques, 8 de picholines - alors qu'il en reçoit d'habitude 60 tonnes - 40 de Lucques et 20 de picholines.

Un producteur d'olives qui a l'habitude de fournir dans les 6 tonnes m'a dit cette année : "si je te fournis une tonne cette année, ce sera déjà grandiose !"

Jean-Paul Pagès, responsable de l'huilerie coopérative Olidoc à Clermont-l'Hérault


Pour l'huile d'olive, il est encore tôt pour dresser un constat : les fruits devant être plus matures, la cueillette, plus tardive que les olives de bouche, vient de débuter. "Mais au meilleur des cas, on fera une année moyenne sur l'huile," ajoute Jean-Paul Pagès.

La faute à la météo

Cette récolte catastrophique résulte du temps constamment humide qui a marqué la région en mai-juin, période de floraison des oliviers. "Les oliviers sont des plantes anémophiles, c'est-à-dire qu'elles se pollénisent grâce au vent. Pour produire des fleurs, ils ont besoin d'un temps sec et venteux, explique Christine Agogué, chargée de mission à la chambre d'agriculture de l'Aude. Or l'humidité ambiante n'a pas rendu cela possible. D'où un taux de pollénisation très faible, peu de fleurs et donc peu de fruits.
Une demande de reconnaissance de calamité agricole a été déposée en préfecture et des commissions se sont déplacées sur les exploitations pour évaluer les dégâts. Le Languedoc compte très peu d'agriculteurs ne produisant que des olives : l'oléiculture s'y pratique en grande majorité en complément d'une autre activité, la viticulture ou l'arboriculture. En attendant une réponse début 2021, les olives du Languedoc vont se faire rares jusqu'à la prochaine récolte en octobre.

"Nous avons un peu de stock en huile grâce à la récolte de l'année dernière, nuance Jean-Marc Thibaut, responsable tourisme à l'Oulibo. Pour les olives de tables, c'est bien plus problématique : leurs prix ne vont pas augmenter afin de rester abordables, mais on va tout simplement se trouver en situation de pénurie. La vente directe va être privilégiée et nous allons être obligés de sélectionner certains de nos clients, car tous ne pourront pas être livrés."
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