Coronavirus : une chercheuse de l’INRA de Montpellier décrypte l’épidémie de COVID-19

Alors que la France vient de passer stade 3 de l’épidemie, Mylène Ogliastro, chercheuse à l’INRA de Montpellier et représentante de la société française de virologie, revient sur les mesures du gouvernement et sur l’origine du coronavirus.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce samedi 14 mars l’activation de la phase 3 : les lieux accueillant du public, à l’exception de ceux considérés comme “essentiels”, sont fermés jusqu’à nouvel ordre, pour empêcher la propagation de l’épidémie de coronavirus.
 
Pour Mylène Ogliastro, chercheuse à l’INRA de Montpellier et représentante de la Société Française de Virologie, le gouvernement "n’en fait pas trop" face à la maladie qui a, à ce jour, tué 91 personnes en France.

Ces mesures visant à limiter au maximum les interactions sociales et les transports sont totalement justifiées. Et, combinées au lavage régulier des mains, elles sont les seules de nature à ralentir la progression de l’épidémies. Si elles avaient été prises plus tôt, ça aurait été encore mieux.

La scientifique confirme également qu’il est essentiel de confiner les enfants. "Les enfants infectés peuvent avoir peu voire pas du tout de symptômes. Mais ils sont en mesure de transmettre la maladie. Avec la fermeture des écoles, il ne faut surtout pas confier leur garde à leurs grands-parents ou à d’autres personnes fragiles."
 

Comment est né ce virus ? 

Le virus "SRAS-CoV-2" ("COVID-19" est le nom de la maladie qu’il provoque) fait partie de la même famille que le "SRAS-CoV-1", qui avait circulé en Asie et dans plusieurs pays d’Europe en 2002. Sur 8000 cas déclarés, le SRAS-CoV-1 avait alors fait 800 morts, puis l’épidémie s’était éteinte.
 
"Les virus existent depuis qu’il y a de la vie sur Terre”, explique Mylène Ogliastro. "Ils infectent tous les organismes vivants, les animaux, les végétaux et même les abctéries. Si certains virus, comme les SRAS, HIV ou Ebola, causent des épidémies humaines très inquiétantes, certains virus peuvent être bénéfiques. Ils peuvent nous aider par exemple à combattre des maladies infectieuses."
 
Comme le précise la chercheuse, les virus de la famille des coronavirus circulent chez les animaux sauvages comme les chauves-souris, la girafe, les serpents ou encore le pangolin. Comme le SRAS-Cov-1, le SRAS-Cov-2 présente de grandes ressemblances avec un virus trouvé chez les chauves-souris, dont il provient vraisemblablement.

Comme tous les organismes vivants, ces virus évoluent, par des mutations, des recombinaisons. Ces modifications, dans la plupart des cas, éliminent le virus. Dans d’autres cas, elles peuvent lui permettre d’infecter un nouvel animal ou l’homme. Ces changements se produisent en permanence.

Peut-il y avoir d’autres épidémies dans l’avenir ?

Pour la chercheuse, cela ne fait aucun doute : nous pourrions être confrontés à de nouvelles épidémies, voire pandémies.

Nous allons être amenés à rencontrer de nouveaux virus. Il faut aujourd’hui considérer les questions environnementales, le réchauffement climatique et la perte de biodiversité comme un seul et même problème. Il faut prendre enfin conscience que la santé de l’Homme dépend intégralement de celle de son environnement.

Selon elle, la parole des scientifiques doit être prise en compte par les décideurs politiques.

"Je me réjouis en tout cas que l'on ait mis en place un conseil scientifique et que le gouvernement ait écouté ses conseils. J’espère que la pandémie COVID-19 que nous vivons aujourd’hui nous fera prendre conscience de la nécessité d’investir dans la recherche scientifique, ne serait-ce que parce que 'prévenir c’est guérir'. A présent, il faut qu’on apprenne de cette crise et que l’on comprenne qu’elle ne sera résolue que de manière collégiale et avec l’aide des scientifiques."
 
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