En pleine crise du Coronavirus, il est de plus en plus difficile de se procurer des masques. Après une première dotation de l'état il y a une semaine, les professionnels de santé ont reçu un stock de l'ARS. Problème, à Eauze, dans le Gers, certains étaient périmés depuis plusieurs années.
A Eauze, s’il y a un habitant qui ne décolère pas, c’est le maire du village. Réélu aux dernières municipales, Michel Gabas exerce la profession de pharmacien. Il est donc en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Et depuis le début de la crise, il ne cesse de dénoncer les conditions d’exercice des personnels de santé.
Plus de 6000 masques distribués
Dès l’annonce du confinement, le maire-pharmacien a distribué les 6000 masques restant d’un stock acheté par la municipalité pour faire face à la grippe aviaire. Premiers bénéficiaires : le centre hospitalier de Auch, les aides ménagères et les personnels des EHPAD. Une fois ce stock épuisé, il a reçu une dotation de l’état. 500 masques à distribuer sur présentation d’une carte professionnelle à raison de 18 masques par semaine par personne (pharmaciens, médecins, infirmières, kinés, dentistes, sage-femme, etc.)
Autant dire qu’il n’a fallu que quelques jours pour voir fondre le stock. Face à la pénurie, Michel Gabas se tourne vers l’ARS Occitanie (Agence Régionale de Santé) et obtient une nouvelle dotation de 200 masques FFP2 à distribuer là encore auprès des professionnels de santé dont il fait partie.
Des masques périmés depuis 7 ans
Dans sa pharmacie, il demande à tout le monde de porter un de ces masques FFP2. Mais au bout d’une dizaine de minute, il sent des picotements sur le visage et s’aperçoit que la mousse des masques s’effrite et part en petits morceaux. Intrigué, il regarde de plus près la boîte d’emballage des masques et s’aperçoit qu’ils sont périmés depuis… juillet 2013.Quand des masques sont périmés, ça ne se voit pas à l’œil nu mais à l’usage. Là, c’est le désagrégement de la mousse qui m’a mis la puce à l’oreille. Le problème c’est qu’en plus d’être peu confortables, ces masques ne font plus aucun effet.
Michel Gabas – Pharmacien, maire de Eauze
Au-delà de cette dotation de masques périmés qu’il considère comme anecdotique dans le contexte actuel, Michel Gabas n’en finit pas de s’interroger sur la gestion de cette crise au plus haut niveau. Sans être devin, il avait anticipé la crise en passant commande de 4000 masques une semaine avant l’annonce du confinement par Emmanuel Macron. Si un petit élu comme moi a eu cette démarche, comment se fait-il que nos élites n’aient pas eu l’idée d’en faire autant ? dit-il. Lui en tout cas a de quoi faire face, il vient tout juste de recevoir les 4000 masques commandés en Chine le 10 mars dernier.
Après les masques, la pénurie de médicaments ?
La crainte de Michel Gabas est aujourd’hui celle de la rupture de stock de certains médicaments. Ainsi la Ventoline, prescrite pour les pathologies asthmatiques et qui peut éventuellement être utilisée pour lutter contre les premiers symptômes ou les formes bénignes du coronavirus est actuellement en rupture chez le fabricant.
Voir le reportage de Stéphane Compan et Jean-Pierre Duntze