Pour la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs, il y a urgence à intervenir dans les EHPAD. Selon elle, c’est une autre crise sanitaire qui se joue. L’absence de soins pour certaines personnes âgées peut avoir de graves conséquences.
Sébastien Guérard est masseur-kinésithérapeute à Saint-Nazaire en Roussilon, près de Perpignan. Il est également président de La FFMKR, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs, le syndicat historique de la profession.
Mercredi 29 avril, il a adressé un courrier au Président de la République. Un appel pour que la profession puisse retourner le plus vite possible dans les EHPAD pour prodiguer des soins aux patients.
"ll y a urgence. Cela fait maintenant 6 semaines que nos patients ne bénéficient plus de soins. Les conséquences fonctionnelles sont désastreuses. A l’épidémie de coronavirus s’ajoute l’épidémie de grabatisation."
Urgence des soins de kinésithérapie en EHPAD :
— FFMKR (@_FFMKR) April 29, 2020
La FFMKR écrit au Président de la République pour demander une amélioration de l’accès des kinésithérapeutes libéraux à ces établissements...https://t.co/DflIHywNd8 pic.twitter.com/0qFZ2nikZ6
Un constat dramatique
Pour étayer ses propos, Sébastien Guérard a mené une enquête dans les Ehpad ces derniers jours. Des kinésithérapeutes ont pu se rendre dans des maisons de retraites. Des visites sous la responsabilité des directeurs de ces établissements. Les remontées sont « bien plus graves que ce qu’on avait imaginé », s’indigne Sébastien Guérard.Les résultats de cette enquête ont été envoyés à Emmanuel Macron.
« Parmi les patients qui marchaient avant le confinement, le périmètre de marche moyen des résidents a fondu de près de 75%, le nombre de patients ayant désormais besoin d’une aide pour marcher a doublé, 25% des patients les plus fragiles ne marchent plus, le nombre de patients capables de se lever seuls d’une chaise a diminué de 60%. Le pronostic d’autonomie et de mobilité de ces patients est engagé, pouvant conduire à une grabatisation accélérée du fait de l’isolement surajouté qui catalyse ce phénomène. Pour les kinésithérapeutes qui ont pu reprendre les soins, ils ont retrouvé la plupart de leurs patients dans un état de dépendance indue, parfois irréversible et en grande partie imputable à l’absence de soin de kinésithérapie »
Sébastien Guérard a demandé au Président de la République l’autorisation de pouvoir retourner pratiquer des soins en EHPAD.
« Je ne comprends pas pourquoi nous n’avons pas eu le droit de nous rendre dans ces établissements comme les médecins ou les infirmières. Nous sommes des soignants comme les autres. Aujourd’hui il ne faut plus attendre. Il ne faut pas attendre la fin du confinement pour intervenir afin que cesse cette seconde crise sanitaire qui se joue en silence »
Sébastien Guérard attend une réponse positive de la présidence. L'Occitanie compte 11.200 masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs dont 9.600 libéraux.