En grande difficulté avec la crise du coronavirus, les professionnels du tourisme peinent à obtenir de l'aide de leurs assureurs. Les unions locales des métiers de l'industrie hôtelière ont décidé d'unir leurs forces dans le Tarn-et-Garonne, l'Aveyron, le Gers, l’Ariège, le Tarn et le Lot.
Ils dénoncent depuis plusieurs semaines "le silence assourdissant" de leurs compagnies d'assurance. Frappés de plein fouet par la crise économique liée à l'épidémie de Covid-19 et par la fermeture imposée de leurs établissements, les professionnels du tourisme sont plus que jamais décidés à se faire entendre. Alors que des discussions nationales se sont engagées entre les organisations patronales de l'hôtellerie-restauration et les assureurs, ils ont décidé d'unir leurs forces dans le Tarn-et-Garonne, l'Aveyron, le Gers, l’Ariège, le Tarn et le Lot, à l'appel de leurs antennes de l'Union des Métiers et des Industries Hôtelière (UMIH).
Des assureurs aux abonnés absents
Dans le Lot, l'Aveyron ou l'Ariège, tous les représentants de l'UMIH recensent les mêmes témoignages de leurs adhérents depuis le début de la crise : "les assureurs sont aux abonnés absents" explique Lionel Marsaud, le président de l'UMIH du Lot, "ils ne leur répondent même pas au téléphone. Il y en a tout juste quelques uns qui font parfois des petits gestes. " En Ariège, Philippe Huertas fait le même constat. Dans ce petit département rural qui a beaucoup misé sur l'économie touristique, le secteur compte 500 professionnels. "Quelques assureurs font aujourd'hui cadeau de 2 ou 3 mois de cotisations" dit-il "mais ce n'est pas suffisant. Il faut une aide sur les pertes d'exploitation. On veut des espèces sonnantes et trébuchantes pour les pertes d’exploitation sinon, ce sont 30 % de nos établissements ruraux qui risquent de fermer."Les pertes d'exploitation, c'est le point d'achoppement avec les compagnies d'assurances depuis le début de cette crise. Elles estiment qu'elles ne sont pas couvertes par les contrats puisqu'il s'agit d'une crise sanitaire quand les restaurateurs et hôteliers estiment au contraire qu'ils y ont droit puisque c'est l'Etat qui a décidé de la fermeture administrative de leurs établissements le 14 mars dernier.
Une mise en demeure des assureurs
"Le seul salut pour nos entreprises, c'est que nous touchions cette perte d'exploitation "estime Valérie Pons, la représentante de l'UMIH dans le Tarn-et-Garonne, "on n'a pas de recettes et sans recettes, on ne peut pas payer nos traites. La perte d'exploitation, c'est le seul moyen pour nous d'assurer l'avenir de nos entreprises et la garantie de nos emplois".Alors pour faire pencher la balance en leur faveur, les antennes de l'UMIH de ces 6 départements se sont rapprochées d'un avocat. Il a épluché les contrats de leurs adhérents. Et relevé "un certain nombre de failles juridiques". De quoi rédiger une lettre de mise en demeure que de nombreux adhérents ont envoyée à leurs assureurs toute cette semaine.
Un moyen "de s'unir entre départements" explique Valérie Pons et de "maintenir une pression forte localement et peser dans les négociations nationales pour trouver un accord avant le 15 mai avec les assureurs".
Un accord doit être trouvé avant le 15 mai
Les assureurs ont été appelés à soutenir davantage les innombrables professionnels frappés de plein fouet par la crise. Quitte, demandent certains, à prendre en charge tout ou partie des pertes d'exploitation même quand celles-ci ne sont pas couvertes par les contrats. Mais les pertes liées au coronavirus, évaluées à 60 milliards d'euros, sont trop lourdes pour être prises en charge par les assureurs, affirme la fédération du secteur depuis le début de la crise. Certains acteurs, notamment plusieurs groupes bancaires, ont toutefois fissuré ce discours en déployant des mesures de soutien en dehors des dispositions normalement prévues par les contrats.Une négociation nationale a été entamée entre la Fédération française de l'assurance (FFA) et les organisations du secteur du tourisme, Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), GNC (groupement national des chaînes hôtelières) et GNI (indépendants). Une réunion est programmée le 11 mai, au terme de laquelle le gouvernement espère qu'un accord sera trouvé, faute de quoi il envisage de "légiférer".
Le 14 mai, des mesures spécifiques de soutien au secteur, dévasté par l'arrêt de l'activité lié à huit semaines de confinement, doivent être annoncées, après un comité interministériel consacré au tourisme.