Le revenu universel va-t-il voir le jour ? Dans une tribune, 24 conseils départementaux dont 9 en Occitanie demandent une nouvelle fois la possibilité de l’expérimenter. Selon eux, c’est une solution à la crise actuelle et à la précarité en hausse. Les députés entrouvrent la porte.
Le revenu de base, vous en avez entendu parler mais connaissez-vous le principe ?
C’est un revenu distribué à tous, ouvert aux jeunes de – 25 ans, cumulable avec d’autres salaires ou prestations. L’objectif est que chacun dispose d’un minimum pour vivre sans condition. C’est une mise de base pour pouvoir payer son loyer, ses courses, ses charges, ses frais… Un peu comme au Monopoly lorsque chaque joueur reçoit une mise de départ et 2 billets de 100 à chaque tour ! Reste à déterminer son montant minimum (750 euros ? 1000 ?). Il peut se substituer à d’autres aides. Etre dégressif selon ses ressources. Selon les pays, on l’appelle revenu universel ou revenu d’existence.
Un minimum vital pour faire face à la crise
Aujourd’hui, ce sont les conseils départementaux qui versent une grande partie des prestations sociales. Des collectivités en première ligne sur la solidarité. Face à la crise qui explose, 24 départements en majorité socialistes réclament la possibilité d’expérimenter au plus vite ce « salaire de vie ». Parmi les signataires de la lettre ouverte, les présidentes et présidents des départements de l'Ariège, de l'Aude, de Haute-Garonne, du Gers, de l'Hérault, du Lot, de Lozère, des Pyrénées-Orientales et du Tarn. Tous déplorent que beaucoup de temps ait déjà été perdu.Le département de l'Aude, pionnier pour tester
Car ce n’est pas une idée neuve. Elle a été notamment défendue par le candidat PS Benoît Hamon lors de la présidentielle de 2017. En Occitanie, nous avons failli être parmi les premiers à lancer ce revenu de base. A l’instar du département de la Gironde, le conseil départemental de l’Aude avait avancé sur le projet. Un projet que défendait ardemment l'ex-Président André Viola.En janvier 2019, le groupe PS à l’Assemblée avait proposé une expérimentation sur plusieurs territoires. Mais la majorité LREM avait rejeté la proposition.Le revenu de base est une solution pour favoriser l’autonomie et donner tout son sens à la solidarité.
Au printemps dernier lors la première vague du coronavirus, 19 départements sont revenus à la charge à travers un nouvel appel. Sans succès.
La précarité explose
Mais le 26 novembre dernier, l’Assemblée Nationale a voté une résolution qui entrouvre la porte à un revenu universel, un « filet de sécurité » selon les députés. Car la crise est profonde et ce n’est que le début.Selon l’Insee, le taux de pauvreté va toucher 9,7% de Français à la fin de l’année. Et une aggravation est à craindre dès 2021 en vue des nombreuses fermetures et dépôts de bilan annoncés.
C’est pour cela que plusieurs départements insistent sur l’urgence et rappellent qu’ils sont prêts à lancer cette aide dès que possible.
Un revenu solidaire expérimenté ailleurs
- La Finlande a expérimenté le revenu universel en 2017-2018. 2 000 chômeurs ont reçu 560 € chaque mois sans contrepartie, qu’ils pouvaient cumuler avec les allocations familiales et leurs revenus. Bilan : une amélioration du bien-être, mais pas vraiment d’effet sur l’emploi.
- L’Allemagne veut aussi l'expérimenter. A partir de l’an prochain, 120 personnes vont recevoir 1 200 € pendant trois ans et leur évolution sera comparée à des profils analogues sans revenu universel.
- L’Espagne est en train de finaliser « un revenu minimum vital » qui va de 462 euros et 1 015 euros par mois pour les plus démunis. Et le pays est actuellement submergé de demandes.