Interrogé au procès Merah, le co-accusé d'Abdelkader Merah, ne se souvient plus très bien des conditions dans lesquelles il a fourni un pistolet Uzi au tueur toulousain. L'avocate générale lui a reproché d'avoir eu jusqu'à 9 versions différentes.
"Je ne suis pas formel" a répondu Fettah Malki, le co-accusé du procès Merah quand on lui a demandé, vendredi, s'il reconnaissait le pitolet mitrailleur de marque Uzi, utilisé par Mohamed Merah lors de la fusillade de l'école juive.Une formule étonnante dans la bouche de celui qui se présente comme le "commercial" du quartier des Izards à Toulouse. "On savait qu'on pouvait venir me voir pour acheter tout et n'importe quoi".
Jugé devant la Cour d'assises spéciales de Paris, en même temps qu'Abdelkader Merah, Fettah Malki donne l'impression d'assister au procès d'un autre. Il est très peu sollicité par les questions du président, de l'accusation et des avocats des parties civiles.
Quand il doit parler, il s'exprime d'une voix faible et semble peu sûr de ses réponses, contrairement à Abdelkader Merah, rarement pris à défaut.
L'arme devant les yeux, Fettah Malki ne reconnaît donc pas "formellement" le pistole mitrailleur Uzi qu'il a fourni à Merah. D'ailleurs lui a-t-il donné, l'a-t-il vendu ? Les souvenirs s'embrouillent. Etait-ce un modèle Micro-Uzi ou Mini-Uzi ? Selon lui, le pistolet était rouillé et il l'aurait donné à Merah pour réparation. Sans savoir quelle usage le terroriste en aurait, dit-il.
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Il faut dire que Fettah Malki joue son avenir sur ces questions : il est poursuivi pour complicité dans cette affaire terroriste et risque jusqu'à 20 ans de prison. Si le pistolet qui a servi à Merah et s'est enraillé (à cause de la rouille ?) dans la cour de l'école juive le 19 mars 2012 n'est pas le sien, il peut viser l'acquittement !
Sauf que ce qui ne plaide pas en sa faveur, c'est son perpétuel changement de version. "Vous avez eu 8 versions différentes durant vos gardes à vue et pendant l'instruction, rappelle l'avocate générale. Vous nous en servez ici une 9ème !".
La tête rentrée dans les épaules, les yeux dans le vague, Fettah Malki continue de suivre son propre procès un peu de loin. Tous le travail de ses avocats, dont le Toulousain Christian Etelin, c'est de tenter de convaincre la Cour d'assises spéciales, que, malgré ses trous de mémoire et ses imprécisions, Fettah Malki ignorait tout des funestes projets de Mohamed Merah.