Des pics à 20 degrés, dans l'Hérault comme à Perpignan. Et des minimales qui ne descendent pas en dessous de 6 degrés. La météo actuelle favorise la montée de sève et la nature se croit au printemps. Mais attention aux gelées possibles jusqu'en avril. Les agriculteurs sont inquiets.
Des amandiers en fleurs, un phénomène que l'on observe chaque année dès le mois de janvier pour les arbres les mieux exposés. Mais cette année, la nature semble vraiment profiter à fond de la douceur des températures.
D'après les observations météorologiques, aucune gelée importante sur le littoral languedocien. Résultat, les arbres bourgeonnent, les insectes s'activent et les oiseaux commencent à donner de la voix. S'il n'est pas rare de connaître quelques jours de douceur dès le mois de février, l'absence de froid en ce début d'hiver pourrait bien dérégler le cycle des végétaux. Et dans l'absolu une montée de sève précoce n'est pas mauvaise. Sauf si elle est suivie d'un coup de froid meurtrier.
Les viticulteurs aux aguets
Pour tailler la vigne, du soleil et des températures douces rendent la tâche bien plus agréable. Seulement voila. Les bourgeons qui résulteront de la taille, au plus près des ceps, seront particulièrement vulnérables en cas de refroidissement. Alors que ceux qui commencent à pointer au bout des sarments de l'an dernier seront, de toute façon, éliminés au moment de la taille.
D'où le dilemme des viticulteurs aujourd'hui. S'ils finissent la taille et si le temps reste doux, ils auront peut-être un développement précoce et favorable. Mais si le gèle arrive sur les nouveaux bourgeons, c'est la catastrophe pour la prochaine récolte. A contrario, s'ils décident de retarder un peu la taille, ils pourront préparer la vigne après un éventuel coup de gel. Mais en cas de douceur persistante, lorsqu'ils tailleront, ils imposeront aux pieds de vigne un double effort de montée de sève. Certains professionnels ont donc décidé de continuer la taille, en pariant sur les températures clémentes. D'autres préfèrent reporter la taille de quelques semaines, pour limiter les risques.
Arboriculteurs et céréaliers inquiets
La montée de sève précoce concerne avant tout les producteurs de fruits. Les pêchers et les pommiers bourgeonnent eux-aussi. Et la floraison est le moment crucial où un coup de gel peut faire de gros dégâts. Même chose pour le blé, qui est déjà haut dans les champs. Plus de 10 cm. C'est la hauteur à partir de laquelle le gel peut totalement détruire la récolte. Si un refroidissement se produisait, il ne serait pas visible sur le développement de la plante. Mais à terme, les épis seraient creux et la récolte très mauvaise.
Reste à espérer que le gel n'arrive pas. Mais dans ce cas, c'est un autre danger qui guette les récoltes. Une douceur excessive favorise en effet la prolifération des insectes et des parasites. Les températures exceptionnelles pourraient alors être synonymes d'une augmentation exceptionnelle de doses de pesticides dans toute la plaine languedocienne....
Caroline Agullo et Sylvie Bonnet ont battu la campagne héraultaise sous le soleil.
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