Pour certains salariés travaillant en extérieur, les pauses-repas sont devenues un casse-tête avec la fermeture des restaurants. Des conventions existent désormais pour permettre à certains restaurateurs de rester ouverts le midi afin de les accueillir.
Dans ce restaurant de Saint-Girons, l'ardoise affichant le menu est à nouveau de sortie. Salade du jour en entrée, blanquette de veau ariégeoise dans la foulée, puis dessert au choix : 15 euros l'addition, café compris.
Scène devenue rare : la salle commence à se remplir à l'heure du déjeuner. Avec quatre personnes maximum par tablée, et en respectant les règles de distanciation en vigueur, des travailleurs s'y retrouvent le temps autour d'un repas chaud cuisiné et d'un feu de cheminée. Pour ces ouvriers interrogés, cette pause prise à l'abri est plus que salutaire : "On revit. Ce n'est pas normal de manger tout le temps le sandwich à la main, avec le froid qu'il fait dehors". "Je prends la gamelle tous les jours, je mange sur le chantier. Là, ça permet de manger un bon repas".
Des restaurants ouverts uniquement pour les salariés travaillant à l'extérieur
Cette mesure d'ouverture exceptionnelle, désormais en vigueur dans certains départements français, ne concerne que les salariés qui travaillent en extérieur et dont l'entreprise a signé une convention avec un restaurant du secteur où elle opère. Dans le cas de ce restaurant ariégeois, une vingtaine d'entreprises se sont déjà inscrites. Le patron de l'établissement voit le nombre de couverts augmenter progressivement.
On a démarré à une dizaine de couverts par service, c'est monté à quinze, aujourd'hui, on est à un peu plus de vingt, ça va pour l'instant crescendo, mais on ne fait ça que depuis quelques jours.
Une bouffée d'oxygène pour un secteur sinistré ?
Sur l'ensemble du territoire français, l'ouverture des restaurants pour y accueillir du public est toujours interdite et illégale. Si certaines portes s'entrebâillent à nouveau, c'est de manière encore ponctuelle et très encadrée. Ces autorisations sont le fruit d'un accord entre certains syndicats de l'hôtellerie et de la restauration, la préfecture et les chambres consulaires (chambre des métiers de l'artisanat et C.C.I) de certains départements. Elles permettent partiellement de relancer l'activité d'un secteur paralysé depuis maintenant de longs mois par la crise sanitaire.
Nous avons déjà dix restaurateurs qui ont adhéré. Pour certains, c'est une bouffée d'oxygène extraordinaire.
Dans le Gers, des conventions également signées
Dans le Gers, ce système de dérogations pour la réouverture de certains établissements est désormais également sur les rails. Pour Delphine Grail-Dumas, sous-préfète de Mirande, en charge de ce dossier, il est désormais possible de déroger à l'ouverture des restaurants, "uniquement pour ceux qui voudraient assurer une activité de restauration collective sous contrat, c'est-à-dire se mettre au service d'une entreprise ou de plusieurs entreprises, pour leur servir de "cantine". C'est un rendez-vous pris entre d'un côté l'entreprise signataire qui s'engage à venir, le temps d'un chantier par exemple, et de l'autre, le restaurateur qui s'engage à servir un repas".
Des salles des fêtes ouvertes pour la pause-sandwich
Plusieurs réunions de concertation, entamée fin 2020, entre représentants des restaurateurs, de la fédération du Bâtiment et des Travaux publics et des maires et maires ruraux du Gers ont abouti à ces signatures de conventions. La démarche s'est élargie à la possible réouverture de certaines salles des fêtes permettant aux salariés travaillant à l'extérieur de venir s'y réfugier pour la pause-déjeuner.
Les salles des fêtes sont fermées en ce moment. On a aussi proposé un modèle de convention entre une collectivité et une entreprise du B.T.P, afin que ces salles des fêtes puissent être rouvertes pour permettre aux ouvriers de venir manger leurs sandwichs au chaud.
Ouvriers du B.T.P, paysagistes travaillant dans l'espace public, ou encore artisans sur de petits chantiers : de nombreux salariés sont concernés par ces réouvertures conventionnées qui relancent en partie un secteur de la restauration sinistré. Reste à savoir si ce nouvel élan ne retombera pas tel un soufflé en cas de nouveau reconfinement généralisé.