Féminicide de Rosine Roig à Ortaffa : Ramon Cortes condamné à 30 ans de réclusion comparaîtra libre à Montpellier

Le 6 juillet, Ramon Cortès se présentera-t-il au tribunal de Montpellier ? En janvier dernier, il est remis en liberté. Le délai de son procès en appel ayant été jugé trop long. En 2017, il avait écopé de 30 ans de prison pour avoir assassiné Rosine Roig, son ex-compagne et mère de ses 3 enfants.

A partir du lundi 6 juillet et pour cinq jours, le procès en appel de Ramon Cortès, âgé aujourd’hui de 54 ans, s’annonce sous tension. D’abord par l’horreur de son crime, lequel, sept ans après les faits, reste dans toutes les mémoires des Catalans.

Assassinée d'une balle dans la tête pour l'avoir quitté

Après l’avoir harcelée, poursuivie, menacée et séquestrée à plusieurs reprises, Ramon Cortès a fini par assassiner son ex-compagne, Rosine Roig, la mère de ses 3 enfants : une balle de calibre 7,65 au niveau de la tête. Trois mois auparavant, elle avait pris la décision de le quitter.

Un meurtre prémédité avec la complicité de sa maîtresse de l’époque, Sandrine Delporte. Ensemble, ils se sont débarrassés du corps dans un trou, qu’ils avaient auparavant creusé dans une ancienne sablière sur la commune d’Ortaffa, à 20 minutes de Perpignan.
 

Remis en liberté pour cause de délai juridique trop long

Un procès sous tension par le contexte : l'accusé est remis en liberté en Janvier dernier, soit un peu plus de trois ans après sa condamnation à 30 ans de réclusion, prononcée en Septembre 2017 par les Assises de Perpignan.

C"est terrible, effrayant ...mais je ne peux pas critiquer cette décision juridique. Le constat, c'est que nous manquons cruellement de moyens humains et matériels"

Raymon Escalé, avocat de la famille de Rosine Roig

L'avocat de Ramon Cortès, Jean-Marc Darrigade, avait fait valoir que le délai entre le début de la détention de son client et la date de son procès en appel- programmé initialement en avril dernier - avait dépassé les deux ans.
Une durée maximale et exceptionnelle comme le rappelle la loi.
Pour se faire entendre, l’avocat s’est appuyé sur la Cour européenne des Droits de l’homme,  laquelle a condamné plusieurs fois la France « pour sa lenteur juridique ».Retoquée une première fois, la demande a été entendue par la cour de Cassation et Ramon Cortès remis en liberté le 16 Janvier 2020.

Telle est la loi, aussi dure à comprendre et à accepter fut-elle, toute personne a le droit d'être jugée dans un délai raisonnable

Jean-Marc Darrigade - Avocat de la défense

Au lendemain de cette annonce, pour les habitants de Céret où travaillait Rosine Roig, c'est le choc. Alain Torrent, le maire de l'époque fait part de son incompréhension "ça dépasse l'entendement et qu'en plus sa demande de remise en liberté soit acceptée, ça relève de l'irrationnel" comme il l'a confiée à l' une de nos équipes.
Quant à son premier adjoint, Jean-Pierre Piquemal, ancien policier, c'est bien l'engorgement des dossiers et le manque cruel des tribunaux qui expliquent en partie un tel drame.Le père et les enfants de Rosine Roig ont reçu cette annonce comme un véritable coup de massue, nourrissant un sentiment de colère et d’incompréhension, mêlé à un immense chagrin. Leur fille et mère est décrite comme une femme toujours souriante, aimante, cachant ses soucis pour élever au mieux ses enfants.

Un accusé libre, une complice dans le box

Depuis six mois maintenant, Ramon Cortès vivrait dans un village dans l’Aude, assigné à résidence. Il doit pointer deux fois par semaine à la gendarmerie et le reste du temps se doit de rester à son domicile.  

Qu’en sera-t-il de la teneur du procès en appel qui se déroulera du 6 au 10 Juillet prochain ? Ramon Cortès sera-t-il au rendez-vous ? Et si oui, comment expliquera-t-il à la famille de Rosine Roig, son geste? Répétera-t-il une fois de plus qu’il a été manipulé par Sandrine Delporte, sa maîtresse à l’époque des faits ?

Celle-ci, condamnée à 18 ans de prison, n’a pas fait appel «estimant que sa place est en détention » selon son avocate Iris Christol. Le procureur des Assises de Montpellier ayant procédé à un appel incident, elle va devoir à nouveau comparaître dans le box des accusés. "Ce qui est à craindre, c'est que Ramon Cortès qui, lui, comparaît libre, la désigne comme celle qui a tiré. Ce qui est evidemment faux" poursuit Iris Christol

Rosine Roig vivait un enfer, terrorisée à l'idée qu'il surgisse n'importe quand

L'ex-compagnon de Rosine Roig, aujourd’hui âgé de 54 ans, n’avait pas supporté que sa femme et la mère de ses trois enfants décide de le quitter en juin 2013. «Je vais te tuer !»  lui avait-il proféré, la menaçant à plusieurs reprises, la poursuivant jusque sur son lieu de travail, le Musée de Céret.

De Juin à Septembre, Rosine vivra « un enfer » raconte son entourage, « elle n’osait pas rentrer dans son appartement…elle vivait cachée, terrorisée de savoir que son ex-mari pouvait à n’importe quel moment surgir… » rappelle son entourage professionnel et amical. "Elle avait même passer quelques nuits au Musée avant que je l'héberge chez moi. C'était en Juillet. Et puis après , elle est partie chez une autre collègue". Elle venait d'obtenir un appartement mais elle n'aura pas eu le temps d'en profiter" 

Un féminicide de plus sur la longue liste

Agée de 43 ans au moment des faits, Rosine Roig avait signalé les violences qu’elle subissait à la justice comme à la police et ce, à plusieurs reprises. En août 2013, elle décide de porter plainte. Elle sera entendue par les gendarmes trois jours avant le drame du 16 septembre.

"Durant l'été, nous avions accompagné Rosine à sept reprises à la gendarmerie. Les gendarmes nous ont dit que nous ne pouvions pas rester et puis ensuite ils ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas entendre et enregistrer la plainte. Une main courante suffisait. J'étais très en colère." explique Renée Léonardi, une collègue de travail.

Lors du procès en première instance, en Septembre 2017, Bruno Albouy, Avocat général de Perpignan, avait présenté des excuses à la famille sur les erreurs et les loupés qui ont été commis.

Dans cette affaire, il y a eu des erreurs et des loupés.

Bruno Albouy - Avocat général de Perpignan en septembre 2017

Au-delà de cette affaire, la question des féminicides se posera en toile de fond : quel traitement pour l’auteur ? quel dispositif de protection pour les victimes ? quelle prévention ? En France, aujourd’hui encore, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de leur conjoint ou ex.
 
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