Invitation au voyage dans le temps, à Aubais dans le Gard. Dans les années 2000, un site archéologique exceptionnel a été découvert près de cette commune de 3.000 habitants comptant 1.500 tombes du Moyen-Age intactes, disposées autour de Saint-Nazaire, une église perdue dans la garrigue.
Situé à mi-chemin entre Sommières et Lunel, Aubais se déploie sur une colline, autour de son château du 17è siècle. Ce village gardois possède un autre trésor : l'église de Saint-Nazaire, qui se dresse un peu à l'écart du village depuis un bon millénaire.
Il y a plus de 20 ans, l'association des Amis de Saint-Nazaire d'Aubais, créée pour la restaurer, a découvert par hasard un immense trésor, en débroussaillant ses alentours : 1500 tombes creusées à même la roche dans un parfait état de conservation, avec leurs occupants à l'intérieur !
Un saut de 1000 ans dans le passé
C'est un immense cimetière, vieux de plus d'un millénaire, qui a été découvert. Il recèle de précieux vestiges du Haut Moyen Age. Une aubaine pour les archéologues montpéllierains comme Mathieu Ott qui a mené sur place quatre campagnes de fouilles.
"Pour la connaissance des pratiques funéraires du début du Moyen Âge, c’est un site exceptionnel parce que le cimetière nous parvient dans un état de conservation remarquable", explique-t-il.
Souvent, les cimetières sont encore au milieu de nos villages et ils ont été utilisé jusqu’au XVIIIe siècle. Les tombes récentes ont détruit les tombes les plus anciennes, alors qu'ici, tout a été abandonné un peu après l’an 1000. On a donc retrouvé le cimetière tel qu’il était !
Une tombe sur deux est celle d'un enfant
L'église et son cimetière ont été construits entre 700 et 750 et utilisés pendant 250 ans. Au cours de ces deux siècles et demi, seules deux personnes ont eu le privilège d’être inhumées à l'intérieur de l’église. À l’extérieur, le nombre de tombes est estimé à environ 1500. Seule une cinquantaine a pu être fouillée.
Elles ne contiennent aucun mobilier funéraire ni attribut vestimentaire. Toutes ont été creusées dans le rocher et épousent la forme du corps du défunt avec une encoche pour la tête.
Les gens qui ont été enterrés là étaient des paysans pour la plupart. Leur vie était rude : à l'époque, un enfant sur 2 mourrait avant d'avoir atteint l'âge de 10 ans, voilà pourquoi la moitié des tombes sont toutes petites.
Sur place, de nos jours, on peut encore voir trois anciennes tombes creusées dans la pierre et laissées à l'air libre : celles de deux adultes et d'un enfant. La grande majorité des autres reste encore cachée sous l'herbe et sous un bon mètre de terre, autour de la chapelle.
Une cure de jouvence pour Saint-Nazaire
Le cimetière a été abandonné pour une raison inconnue autour de l'an 1000.
La chapelle, c'est une autre histoire. Du premier édifice carolingien bâti au VIIIe siècle, il ne reste rien de visible. L'église romane, construite au dessus des fortifications du XIIIe siècle, a été modifiée plusieurs fois au fil des siècles.
Rénovée peu à peu grâce à l'action conjointe des bénévoles de l'association locale, de la municipalité et la DRAC, Saint-Nazaire a aujourd'hui retrouvé sa modeste beauté.
Tombé en désuétude au 20e siècle, le bâtiment qui appartient à la commune, est réinvestit en 1998 par les aubaisiens.
C'est à l'occasion d'un chantier de réinsertion que les tombes rupestres ont été découvertes :
"Des bénévoles d'Aubais et de la région avaient décidé de remettre l’église en état, ils ont dégagé tous les abords, le débroussaillage nous a permis de découvrir ce trésor archéologique" explique Dominique Prudhomme, président de l'association des amis de Saint-Nazaire.
Au fil des ans, l’intérieur de l'église a également bénéficié d'une cure de jouvence. Tout a été refait, électricité, les murs, le dallage.
"On a aussi refait une partie de l’Hermitage qui était complètement effondré" souligne D. Prudhomme.
La voûte du cœur, elle, a bénéficié de l’appui financier de la DRAC et de la commune d'Aubais qui participe autant qu’elle le peut aux travaux de restauration pour valoriser au mieux ce patrimoine.
Visites guidées
Les chrétiens d'Aubais et des environs se retrouvent aussi régulièrement chaque semaine à la messe, dans la chapelle Saint-Nazaire. Elles ont repris pour Pâques, début avril.
Depuis la mi-avril, les visites gratuites de la Chapelle de Saint-Nazaire assurés par des bénévoles de la paroisse ont également repris, tous les dimanches après-midi de 15h à 18h.