45 plaintes déposées dans l'affaire de la contamination des anciennes mines du Gard

Des taux anormaux d'arsenic, de plomb ou de cadmium ont été décelés sur plusieurs habitants des Cévennes, dont des enfants. 45 plaintes contre X sont déposées pour mise en danger de la vie d'autrui, visant la contamination attribuée à d'ex-mines gardoises de plomb et de zinc situées, près d'Anduze.


Les plaintes au pénal visent la contamination environnementale et les conséquences sanitaires qu'auraient engendré les résidus et déchets de deux anciennes mines situées à moins de 10 kilomètres d'Anduze.

  • La mine Joseph, abandonnée en 1955
  • La Croix-de-Pallières, qui n'est plus exploitée depuis 1971
Toutes les deux étaient gérées par l'entreprise belge Union minière, devenue Umicore.

Les plaignants estiment que les populations locales comme les touristes ont été laissés dans l'ignorance des dangers encourus. Et ce alors que des chemins de randonnées passent sur et le long de la "digue des stériles", une colline artificielle de déchets miniers, ou que des enfants jouent depuis des années sur un ancien terril transformé en lieu de vie alternatif. De nombreuses personnes cultivent également des potagers dans cette zone et se baignent dans les cours d'eau.

45 plaintes au total déposées à Alès et à Marseille

43 personnes et 2 associations, l'Association pour la dépollution des anciennes mines de la vieille montagne (ADAMVM) et Générations futures, ont porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" pour une contamination qu'elles attribuent à deux anciennes mines, a détaillé vendredi à l'AFP François Simon, dirigeant de l'ADAMVM.
Les plaintes ont été déposées "à la fois auprès du tribunal d'Alès, dans le Gard, compétent territorialement, et auprès du pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille", a précisé à l'AFP Me Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui représente les plaignants. "La décision de la saisine revient aux deux procureurs" concernés, a-t-elle expliqué.

Ces plaintes visent également des faits d'"atteinte involontaire à l'intégrité physique", "pollution des eaux", "tromperie sur la marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme et l'animal", a ajouté l'ex-coordinatrice du pôle santé du tribunal de grande instance de Paris, qui a notamment instruit les dossiers du sang contaminé et de l'amiante.

"L'omerta, ça suffit !"

Le procureur d'Alès n'a pas souhaité faire de commentaire vendredi sur ce dossier, et aucune confirmation de la réception des plaintes n'était possible dans l'immédiat vendredi après-midi au parquet de Marseille.

"Les plaignants attendent une enquête pénale et des expertises complémentaires", a souligné Me Bertella-Geffroy.

Des taux anormaux de métaux - arsenic, plomb et cadmium - ont été décelés sur 46 personnes, dont des enfants, vivant à proximité de ces anciennes mines, avait annoncé le 11 février l'Agence régionale de santé (ARS). Une première campagne de tests avait été menée fin 2015 auprès de 675 volontaires des communes de Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille,
Générargues, Saint-Félix-de-Pallières, Thoiras et Tornac.

Michel Bourgeat, un habitant de Tornac âgé de 79 ans, présente par exemple un taux de 81 microgrammes d'arsenic par gramme de créatinine alors qu'un seuil de 50 nécessite une intervention médicale. L'ARS, qui se refuse pour l'instant à établir tout lien de cause à effet avec une pollution minière, lui a conseillé de consulter un neurologue.

Ma conviction est que l'Etat savait depuis des années et a joué avec notre santé en nous laissant dans l'ignorance", a assuré à l'AFP M. Bourgeat. "L'omerta, ça suffit !"


"Nous, ce qu'on veut c'est aller à la source des problèmes, remonter la chaîne de responsabilités", renchérit M. Simon, ancien médecin. Depuis au moins 2004, souligne-t-il, des rapports officiels notaient la forte contamination des sols et des cours d'eau, particulièrement le ruisseau Palleyrolles, qui montre une forte coloration rouge.

En 2008, le préfet du Gard avait transmis aux maires concernés une fiche, soulignant que leur commune présentaient "des zones à fortes concentrations en plomb et autres métaux".
"Pour que la région retrouve son image", assure M. Simon, "il faut qu'il y ait une dépollution", une opération qui serait très coûteuse, selon les spécialistes, étant donné le volume de déchets miniers laissés sur place.
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