C'est une vidéo de l'association de défense des animaux qui a révélé en 2015 les dysfonctionnements de l'abattoir d'Alès. Le procès du directeur de l'époque doit s'ouvrir lundi 11 février devant le tribunal de police. Mais L214 estime que la Justice n'a pas fait son travail jusqu'au bout.
Dans un communiqué, L214 explique que l'enquête ouverte à la suite de ses images chocs a relevé 175 infractions.
Mais seules trois infractions sont poursuivies par le procureur de la République et seront jugées devant le tribunal de police d'Alès le lundi prochain 11 février.
Le directeur de l'abattoir, seul prévenu dans cette affaire, ne risque que trois amendes de 750 euros au maximum. Inadmissible pour l'association de défense des animaux.
Tous les « mauvais traitements » relevés par l'enquête ont quant à eux été écartés : pourtant répétés à de nombreuses reprises, les absences de contrôle de l'inconscience des animaux, les saignées tardives et les cisaillements de la gorge ne seront pas jugés.
En mai 2018, le parquet informe les parties civiles que seules trois infractions attribuées au directeur de l'abattoir sont poursuivies. Il s'agit de contraventions (punies d'une amende maximale de 750 euros) pour « installations et équipements non conformes ».
Selon l'association, lorsque les avocates apprennent que seules trois infractions sont poursuivies, elles demandent aussitôt le dossier pénal pour en prendre connaissance et envisager une citation directe à comparaître.
Malgré de multiples relances, le parquet ne nous a fait parvenir le dossier pénal que trois mois après la prescription des 172 autres infractions, nous empêchant de les poursuivre par citation directe.
L'association estime que l'absence de poursuite de 172 infractions identifiées par l'enquête judiciaire constitue une faute lourde et que la transmission tardive du dossier pénal relève du déni de justice.
Face à ces entraves, L214 a décidé de porter plainte contre l'État pour dysfonctionnement des services de la justice.
L214 espère ainsi faire reconnaître la responsabilité de l'État dans cette affaire et l'inciter pour l'avenir à veiller à ce que les affaires de souffrance animale soient traitées avec la rigueur et le sérieux nécessaires.
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de l'association, c'est un scandale. Elle estime que la justice est défaillante et refuse de fait de prendre en compte la souffrance animale.
Le contraste entre la violence des images et la façon dont ce procès va être expédié est saisissant. Nous sommes face à une justice défaillante qui minore les souffrances supplémentaires endurées par les animaux lorsque la réglementation n'est pas respectée. C'est à se demander si la réglementation n'est pas juste bonne à rassurer les consommateurs.
Rappel des faits :
L'abattoir d'Alès est le premier d'une série de dysfonctionnements graves des abttoirs français mis en lumière par les images en caméra cachée de l'association L214 en octobre 2015.
Des images chocs qui ont provoqué de vives réactions dans les médias et dans l'opinion publique.
Les images montraient la mise à mort de chevaux, de bovins et de moutons, avec et sans étourdissement, et révélaient pour la première fois le gazage des cochons dans une cuve de CO2.
Le jour même de leur diffusion, le maire d'Alès annonce la fermeture immédiate de l'abattoir à titre conservatoire et l'ouverture d'une enquête administrative interne.
L'enquête menée par les services de police, avec l'aide du BNEVP, a permis de relever 175 infractions attribuées à huit prévenus.