Du sang a-t-il coulé dans le Bruèges, ruisseau situé à Alès près de l'abattoir, début mai ? C'est ce que prétend un collectif animaliste qui a relayé sur les réseaux sociaux des photos prises par les riverains. L'abattoir municipal est montré du doigt mais les analyses réalisées par l'office français de la biodiversité (OBF) n'ont rien décelé.
Ce sont des riverains qui vivent près du ruisseau de la Bruèges, à Alès dans le Gard qui ont pris ces photos : le 2 mai, le cours d'eau a viré au rouge.
Vincent Aubry, fondateur et porte-parole d'Animal1st, collectif végan qui lutte contre l'exploitation des animaux, les a relayées le lendemain sur les réseaux sociaux en accusant clairement l'abattoir local.
"L'abattoir d’Alès déverse le sang de ses victimes directement dans le cours d’eau juste à côté, le ruisseau de Bruèges. Déjà épinglé en 2015 par L214 et fermé pendant 2 mois, c’est toujours le même sentiment d’impunité totale du côté des égorgeurs" peut-on lire sur son compte Twitter.
Aucune trace de sang
Pourtant, les analyses effectuées par l'OFB au lendemain de cet étrange phénomène n'ont pas permis de détecter quoi que ce soit. Elles ont été diligentées par la sous-préfecture du Gard.
Selon nos confères de Midi Libre, le rapport de l'Office français de la biodiversité est tombé ce mardi 10 mai. Il précise que le 3 mai, l'eau du Bruèges était claire, tout comme le rejet de l'abattoir.
L'hypothèse d'un abattage clandestin, effectué dans le secteur, pourrait être envisagée.
Grosse colère du président d'Alès Agglo
En attendant, ces nouvelles accusations contre l'abattoir géré par la ville et surtout leur écho médiatique, font fulminer Christophe Rivenq, premier adjoint et président d'Alès Agglo.
"Il n'y a rien !" tempête-t-il au téléphone, "il n'y a eu aucun incident ni à l'abattoir, ni dans le réseau fluvial" martèle l'élu, particulièrement agacé par les nombreux appels de la presse locale.
C'est de la manipulation ! L'abattoir d'Alès a déjà été l'objet d'une dénonciation calomnieuse en 2014. On y investi huit millions d'euros, il y a 70 emplois en jeu, mais cela, personne n'en parle !
Christophe Rivenqpremier adjoint à Alès
Christophe Rivenq reconnait qu'il y a déjà eu eu un certain nombre de dysfonctionnements au sein de l'abattoir par le passé et explique que des travaux vont démarrer le 12 mai prochain pour améliorer encore la qualité des rejets.
L’abattoir d'Alès doit devenir un pôle viande territorial d’excellence. Lors du dernier conseil municipal de l'année 2021, l'équipe en place avait affirmé avoir trouvé une partie du financement.
Le montant des travaux s'élève à plus de 7 millions d'euros, subventionnés en partie par l'Etat.
Pas de condamnation judiciaire contre l'abattoir
Longtemps menacé de fermeture, l'établissement avait été au coeur d'un scandale, suite à la diffusion par l'association L 214 en d'une vidéo choc montée à partir d'images filmées en caméra cachée au sein de l'abattoir.
L'association avait déposé plainte pour mauvais traitement sur les animaux, ce qui avait entraîné l'ouverture d'une enquête judiciaire : 175 infractions avaient alors été relevées par les services de police judiciaire, assistés par la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP).
Pour autant, seules trois infractions ont été retenues par le procureur de la République. Elles ont été jugées par le tribunal de police d’Alès : le directeur de l'établissement avait au final écopé de trois amendes de 400 euros (1.200€ au total).
Un peine confirmée par la cour d'Appel de Nîmes, en novembre 2020.