L'école des mines d'Alès est dans la tourmente depuis la révélation par des jeunes filles d'affaires de viols et d'abus sexuels lors de fêtes étudiantes. Dans ce contexte, le directeur Thierry de Mazancourt annonce sa démission pour des "difficultés internes".
La prestigieuse école d'ingénieurs des mines d'Alès (IMT Mines Alès) est dans la tourmente depuis plusieurs semaines. Des dizaines d'étudiantes de cet établissement renommé des Cévennes gardoises disent avoir été victimes de violences sexuelles, voire de viols, lors de soirées étudiantes.
C'est dans ce contexte mouvementé que le directeur de l'institution Thierry de Mazancourt a annoncé sa démission lundi matin au personnel par un courrier électronique. En poste depuis le 1er avril 2018, il quittera l'école vendredi 12 mars "pour des difficultés internes liées au management et à l'organisation" précise laconiquement Laurence Robert, la directrice de la communication de l'école. Il sera remplacé par son directeur adjoint, Pierre Perdiguier.
2 plaintes pour viols et agressions sexuelles
Sur le campus de l'école nationale supérieure des mines d'Alès, il y a environ 1.000 étudiants chaque année. C'est aussi le coeur de la vie universitaire des Cévennes où se tiennent les soirées organisées par les associations d'élèves.
Mais au-delà de ces fêtes, il y aurait des histoires plus sombres. 2 plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées en 2019 et 2020.
Une étudiante de dernière année témoigne d'agressions durant ces soirées. Elle affirme avoir été harcelée pendant des mois par un étudiant membre d'une association du campus. Il s'en serait pris à elle physiquement.
Je me suis sentie en danger. Il fait partie du milieu associatif de l'école, ce qui lui donne accès à des données personnelles, comme les adresses et les numéros de téléphone.
48 témoignages après un appel à témoins
La jeune femme n'en a jamais parlé à la direction de l'école mais elle s'est confiée à un collectif d'étudiantes féministes. Grâce à un appel à témoins sur les réseaux sociaux, elles ont recueilli des dizaines de témoignages anonymes de jeunes femmes qui disent avoir été victimes de violences sexuelles ou de harcèlement sur le campus.
Sur les 48 témoignages reçus, 7 peuvent être catégorisés comme des viols, 7 autres comme des agressions sexuelles et au moins 3 de plus sont assimilables à du harcèlement.
Un manque de réactivité de la direction
Il y a un an, le collectif a informé la direction de l'école et transmis la parole des victimes. Et depuis, rien. Aucun signalement.
Intérrogée par nos reporters après la révélation de l'affaire, le directeur de l'école des mines Thierry de Mazancourt déclarait "avoir pris conscience du problème et de son ampleur". Il précisait avoir créé une cellule d'écoute et "vouloir changer le règlement intérieur pour agir contre des gens qui nuiraient au bon foctionnement ou à l'image de l'école".
Visiblement pris de vitesse par l'ampleur de ces révélations, le directeur a donc démissionné.