Au 2ème jour d'audience du procès de Fabrice Autrand pour avoir commandité l'assassinat de sa compagne en 2013, le témoignage très émouvant de la victime et la personnalité de la mère de l'accusé au centre des débats.
Rachel a raconté ce lundi devant les assises du Gard la nuit de 2013 où elle s'est "fait assassiner" --une tentative en réalité manquée--, puis les huit mois qui ont suivi, passés auprès de son compagnon, accusé aujourd'hui d'être celui qui a voulu la faire éliminer.
"Je me suis fait assassiner", a répété plusieurs fois à la barre Rachel, 37 ans aujourd'hui, qui s'est dit "terrorisée" de devoir paraître devant son ex-futur mari Fabrice A., jugé pour "complicité de tentative d'assassinat".
Le 6 avril 2013, vers 2h du matin, alors qu'elle dort dans le lit conjugal à Alès, "la lumière s'allume puis je vois un homme au visage masqué au pied du lit, tout en noir. Il se précipite sur moi avec un oreiller, me crie " bouge pas, bouge pas "... Fabrice faisait comme s'il dormait. J'ai essayé de le faire tomber pour sortir du lit ", raconte la victime, qui souffre d'un syndrome post-traumatique sévère et d'une invalidité à vie.
Rachel est touchée par une balle au sein gauche, une à la cuisse et une autre qui lui "explose le mollet" avant que l'arme ne s'enraye et que l'agresseur ne s'enfuie.
Son compagnon, un brillant ingénieur et directeur de société mesurant 1,90 m, n'a quasiment pas bougé pendant l'attaque. Leur fils de 10 mois dormait de l'autre côté de la cloison.
Lorsqu'elle sort de l'hôpital, la rescapée s'interroge: "Je me demandais qui avait pu vouloir m'assassiner. Je vivais comme si j'étais traquée."
"Elle pensait que les agresseurs reviendraient finir le travail", abonde devant la cour une amie d'enfance.
La jeune femme reprend une vie commune empoisonnée par des relations exécrables avec une belle-mère "autoritaire, envahissante et méchante".
Mais en décembre 2013, son compagnon est arrêté et mis en examen pour avoir commandité son assassinat.
"Mon monde s'est effondré", commente la jeune femme brune et frêle qui continue à revivre son "assassinat" la nuit. "Ca fait froid dans le dos, il aurait pu recommencer", murmure Rachel, une "écorchée de la vie", confiée à la Ddass à l'âge de 3 ans.
A la barre, le frère cadet de l'accusé a évoqué une mère "toxique" pour ses fils et leurs couples respectifs. Une mère dont il "vaut mieux être loin que proche", a dit cet homme qui a fait toute sa carrière à l'étranger et vit désormais à la Réunion.
Mourad B., 47 ans, soupçonné d'être le tireur, est jugé pour tentative d'assassinat.
Ce lundi matin, les jurés ont entendu le récit des enquêteurs.
Compte rendu d'audience : Cécile Banasik
Les deux hommes sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict doit être rendu mardi soir.