La culture en terrasses de l'oignon doux, AOP emblématique des Cévennes, a été profondément touchée par les inondations dans le Gard et l'Hérault du samedi 19 septembre. Sur 71 producteurs affiliés à la coopérative située à Saint-André de Majencoules, une bonne moitié est sinistrée.
Lionel Poujol, producteur d'oignon dans le hameau de Taleyrac, sur la commune de Val d'Aigoual, dresse un triste inventaire sur ses terres cévenoles. Les terrains sont éventrés, les murs en pierres sèches effondrés, la terre a été lessivée et charriée par les eaux en furie. Les cultures en terrasses appelées ici traversiers, qui permettent de cultiver sur des terrains escarpés l'oignon doux des Cévennes, sont lourdement endommagées. Sans elles, le producteur se demande comment il va pouvoir continuer son activité : "il faut trouver de la terre, il faut remonter les murs".
Les oignons doivent être plantés à la sortie de l'hiver. Il reste à peine quelques mois donc pour tout remettre en état et reconstruire ce patrimoine agricole et paysager, classé au patrimoine mondial par l'Unesco, que des générations d'hommes ont bâti. L'oignon doux des Cévennes est un produit recherché, il bénéficie d'une AOP. Dans ces vallées enclavées, il fait vivre, avec l'élevage, de nombreuses familles d'agriculteurs. Sur une centaine de producteurs, 71 font de l'oignon doux en Cévennes. La moitié d'entre eux a été très touchée par les glissements de terrains consécutifs aux inondations du 19 septembre. Le directeur de la coopérative qui fédère les producteurs explique que les terres vont manquer.Pour la terre, il y a des machines mais les murs sont faits à la main. Ce sont des murs qui ont 200 ans, peut-être plus.
Le foncier est difficile à trouver dans ces régions escarpées et les producteurs sont en état de choc.Il n'y a plus de terres, il faut trouver du foncier, de nouvelles terres cultivables.
Lionel Poujol et son épouse Cécile ont vu les glissements de terrain de très près samedi 19 septembre, depuis leur habitation qui jouxte l'exploitation. "J'ai entendu un gros bruit, j'ai vu une cascade de pierres et de boue, j'ai couru et je suis allé m'accrocher à la barrière" explique Lionel Poujol.
La famille se réjouit d'avoir eu la vie sauve, mais s'inquiète pour l'avenir de l'exploitation. Dans ce pays de monoculture, déjà touché par le recul de l'élevage, le coup est très dur.Il m'a crié dégage, la boue m'a propulsée jusqu'au fond du garage, dans la machine à laver.
Le reportage à Taleyrac de Thierry Will et Cédric Métairon