La circonstance aggravante de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique a été retenue. Ilias Akoudad, qui avait avoué avoir tué le brigadier Eric Masson a été condamné, ce vendredi 1er mars, à 30 ans de prison.
Ilias Akoudad, 22 ans, qui avait avoué en plein procès avoir tué le brigadier Eric Masson en 2021 à Avignon, a été condamné, vendredi 1er mars, à 30 ans de prison par la cour d'assises du Vaucluse, avec une période de sûreté de 20 ans.
La cour a bien retenu la circonstance aggravante de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, point qui avait occupé une grande partie des débats lors des deux semaines d'audience. Ilias Akoudad a également été condamné pour tentative de meurtre sur le collègue d'Eric Masson, alors que les deux policiers participaient à une banale opération de contrôle d'un point de deal.
"Je savais pas que c'était un policier"
Ilias Akoudad, arrêté quatre jours après le drame à Remoulins dans le Gard, avait reconnu devant la cour avoir tué le policier en civil tout en maintenant qu'il ignorait la fonction de la victime. "Je savais pas que c'était un policier" a-t-il déclaré. Ce vendredi matin, juste avant que la cour ne se retire pour délibérer, il avait demandé "pardon". "Je veux demander pardon à toute la famille de Monsieur Masson", avait simplement dit l'accusé, pull noir, visage fermé.
Plus tôt dans la semaine, Marc Masson, le père du brigadier, lui-même ancien policier dans le Gard à Bagnols-sur-Cèze, avait demandé qu'on lui "épargne les faux regrets". Après ce dernier mot offert aux accusés, la cour est ensuite partie délibérer, vers 09h30.
Jeudi matin, l'avocate générale, Florence Galtier, avait requis la peine maximale encourue pour un homicide volontaire sur un policier : la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, face à la "dangerosité" de l'accusé et pour en "protéger la société". Vingt-deux ans, soit l'âge donc d'Ilias Akoudad.
Cette peine, si elle était prononcée, serait "inhumaine", "plus longue que sa vie", avait plaidé Me Elise Arfi, l'une de ses deux avocats.
Deux semaines d'audience
Pendant deux semaines d'audience, où des dizaines de policiers étaient là chaque jour pour soutenir la famille, l'accusation et la défense se sont livrées à une âpre bataille autour de la possible circonstance aggravante d'un meurtre commis sur une personne dépositaire de l'autorité publique.
Mais le procès n'aura pas permis de répondre à une question : pourquoi Eric Masson, père de deux enfants, est-il mort le 5 mai 2021 ?
Ce jour-là, vers 18h00, il est sur une opération de surveillance d'un point de deal à Avignon. Avec Romain, un collègue, ils sont en civil lorsqu'ils croisent Ilias Akoudad. Petit dealer récidiviste, celui-ci a décroché de l'école à 14 ans et vit avec une mère décrite comme permissive.
Ce drame avait suscité une immense émotion, déclenché un hommage national et ravivé le malaise policier, déclenchant de nombreuses manifestations. Et la loi avait ensuite changé: désormais le meurtre d'un policier est passible de la peine maximale, la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans.
Écrit avec AFP.