Un ingénieur est soupçonné d'avoir chargé un ancien employé d'assassiner sa compagne dans le lit conjugal en 2013 pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné. Le procès de cet Alésien, qui a débuté vendredi dernier devant la cour d'assises du Gard, se poursuit ce lundi matin.
Un ingénieur est jugé devant la cour d'assises du Gard à Nîmes pour avoir commandité l'assassinat de sa compagne.
Jugé à Nîmes pour avoir commandité l'assassinat de sa compagne
Jugé pour "complicité de tentative d'assassinat", Fabrice Autrand, 45 ans, est accusé d'avoir payé un ancien employé, qui comparaît à ses côtés, pour tuer la mère de son enfant. Au moment des faits, lui-même se trouvait à ses côtés dans le lit de leur pavillon d'Alès, vers 2h00 le 6 avril 2013.
"Je reconnais les faits et les regrette infiniment"
"Je reconnais les faits et les regrette infiniment", a déclaré vendredi après-midi Fabrice Autrand à l'ouverture de son procès, déployant une stature de plus de 1m90 dans le box des accusés.
Un coaccusé dans le box
A ses côtés, jugé pour "tentative d'assassinat", se tient un autre homme, grand et corpulent, Mourad Bouabiba, 47 ans, qui est le "contraire" de son ex-employeur: un agent de sécurité au parcours scolaire "médiocre", issu d'une famille de 10 enfants du quartier pauvre des Cévennes à Alès et souffrant d'une déficience visuelle, "une dégénérescence rétinienne évolutive".
Fabrice Autrand assure lui avoir confié, après avoir discuté pendant plusieurs mois de différent scénarios, l'exécution de l'assassinat, ce que son co accusé a une nouvelle fois nié farouchement vendredi.
Le rappel des faits par Thierry Will
Un ingénieur est soupçonné d'avoir chargé un ancien employé d'assassiner sa compagne dans le lit conjugal en 2013 pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné. Le procès de cet Alésien, qui a débuté vendredi dernier devant la cour d'assises du Gard, se poursuit ce lundi matin.
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La compagne miraculée et "traumatisée"
Rachel Callegher, qui a aujourd'hui 37 ans, avait été réveillée la nuit des faits par l'irruption dans la chambre du couple d'un homme au visage dissimulé, qui, de manière inattendue, avait allumé la lumière, avant de tirer à trois reprises exclusivement sur la jeune femme, grièvement blessée du côté gauche, au sein, à la cuisse et au tibia. Mais l'arme s'était enrayé et le tireur, censé être un cambrioleur, avait fui sans rien voler et sans laisser de traces d'effraction. De son côté, Fabrice Autrand n'avait pas bougé pendant les tirs. Le fils du couple, alors âgé de 10 mois, dormait de l'autre côté de la cloison.
Décrit comme un "brillant élève"
A sa sortie de l'hôpital, Rachel Callegher, faisant figure de miraculée, avait repris la vie commune pendant environ huit mois avec celui qu'elle avait rencontré sur un site internet en 2010. La jeune femme se dira d'autant plus "traumatisée" quand début décembre 2013, celui qu'elle voulait épouser, avait été arrêté et mis en examen pour avoir commandité son assassinat. Au début du procès, Fabrice Autrand a été décrit par l'enquêtrice de personnalité comme un "brillant élève" de l'école des Mines d'Alès, devenu ingénieur et dirigeant de société. Ce fils de commissaire de police était cependant resté "sous l'emprise" d'une mère "autoritaire" qui semblait "l'écraser".
"Double vie de noctambule et fêtard"
Afin de se garder "des espaces de liberté", Fabrice Autrand avait mis en place une sorte de "double vie de noctambule et fêtard", gérant une boîte de nuit en plus de la société dont il était directeur le jour, consommant de l'alcool de manière excessive et recherchant la compagnie d'escort-girls, a souligné une psychiatre.
La réclusion criminelle à perpétuité encourue
L'ingénieur a assuré lors de l'enquête que sa décision d'éliminer sa concubine avait été prise dans un contexte de "rivalité" croissante entre la jeune femme et sa mère, après la naissance de leur fils, dont il craignait d'être séparé. Au moment du passage à l'acte, Fabrice Autrand se trouvait dans "une zone d'impasse", "tiraillé entre deux femmes-mères", a commenté la psychiatre, qui a estimé qu'il était "finalement libéré en détention". Les deux accusés sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict doit être rendu mardi soir ou mercredi.