Spectacle populaire par excellence, le Tour de France attire toujours autant de monde. En plein coeur du Parc national des Cévennes, sous le soleil, les spectateurs étaient ravis. Sous le soleil: 17° au sommet.
"Tu n’as pas oublié le saucisson ? Et les assiettes pour la salade ?" Le sac à dos déborde, il faut forcer un peu pour le fermer mais il ne faut rien oublier pour éviter la fringale. "C’est le casse-croûte avec un bon vin du Languedoc, de l’eau et les masques". Marie France, Jean-Claude et leur fils passionné de vélo sont prêts.
Ils ont réussi à garer leur voiture sur le bord de la route à la sortie de l’Espérou. Objectif : "le col de la Luzette mais on ne sait pas par où passer !" Plusieurs kilomètres de marche. Pas de panique pour Elian : "avec le GPS du portable, on va y arriver". Il est 9h30, une longue journée s’annonce. Ils se sont levés à 6h30 à Marvejols, en Lozère.
La famille est fan du Tour de France : "on visite les cols mythiques depuis une quinzaine d’années. Une fois, nous avons marché 25 kilomètres pour le Mont Ventoux. Il neigeait, j’ai eu froid toute le journée", raconte Jean-Claude.
Un peu plus haut, d’autres se sont levés très tôt. Au niveau de la Maison du tourisme et du parc national des Cévennes, les places sont chères. Il faut dire que la vue est superbe à 7 kilomètres de l’arrivée au Mont Aigoual.
Le drapeau tricolore flotte. "La dernière fois que nous l’avons sorti, on a été champion du monde contre la Croatie, nous avions fait un repas entre copains à la maison, à Saint Quentin la Poterie dans le Gard », se souvient Monique. Deux tables de camping, quelques chaises et le tour est joué. « Le Tour de France, c’est une religion. Nous sommes à la retraite depuis cette année alors on en profite. Mon rêve : suivre un tour complet, 20 jours », rêve Guy. « Il te faudra un bon camping car », assure Martine. « C’est tellement agréable. Un des rares spectacles encore gratuit », assure Guy. Tous ici espèrent une victoire française : Pinot ? Bardet ? Alaphilippe ? Qu’importe pour le drapeau.Le Tour de France, c’est une religion
Un peu plus haut, Hélène, Rose-Marie et Michel viennent de Juvignac (Hérault) et d’Aymargues (Gard). « Je suis venu repérer hier », explique, malin, Michel. « La voiture est juste là mais il fallait s’installer à 8h30. Il connait les routes du coin par cœur : « A vélo, j’ai monté le col de la Luzette une dizaine de fois quand j’étais jeune. Les coureurs du Tour vont comprendre. Les trois derniers kilomètres, c’est un petit mur ».
Mais comment passer le temps en attendant le passage des coureurs vers 17 heures ? « On a amené à manger et on fera peut-être un petit tour aux champignons mais c’est sec, on va voir. Et on va suivre l’étape avec le téléphone ».A vélo, j’ai monté le col de la Luzette une dizaine de fois quand j’étais jeune. Les coureurs du Tour vont comprendre. Les trois derniers kilomètres, c’est un petit mur
A la Maison du tourisme et du parc national des Cévennes, on profite du Tour et des spectateurs en distribuant prospectus et cartes postales. Ils sont attentifs, encore en cette fin de matinée. Mais une question est récurrente: "combien de temps faut-il à pied pour atteindre l'arrivée au Mont Aigoual et le col de Luzette ?" Au choix, car ici, nous sommes à mi-distance.
Car il faut trouver la bonne place. Certains campings car pensaient l'avoir trouvée. Dès hier soir, ils s'étaient installés juste avant le virage du col de la Serreyrède. Un espace dédié ? Non a dit la gendarmerie qui leur a demandé de quitter les lieux sous peine de mise en fourrière et d'une amende de 135 euros. "Nous sommes partis à 5 kilomètres d'ici où nous avons dormi mais nous sommes tous revenus vers 5 heures ce matin", explique ravi Pierrick, venu de Charente. Et personne ne leur a plus rien dit.
Convivialité
Pierrick et son ami Titus ont déplié la table de camping et sorti le canapé ! "Il faut être bien installé". Midi, c'est l'heure de l'apéro. Et ils accueillent volontiers. "On n'est pas des sauvages et on est convivial avec tout le monde", résume Titus en rigolant. Patricia, dit " galinette", arrive de La Lande les Maures (Var). Il y a quelques années, elle a couru avec Jeannie Longo et est dingue de vélo. Elle partage la rillette avec les deux compères. Avec une vue sur l'écran géant. Parfait, ils sont aux premières loges. 13h, les coureurs ont quitté le Teil, l'étape a commencé...La caravane publicitaire ne leur distribuera pas de godies. Interdit dans cette zone du parc. Pour en profiter, il faut redescendre dans le village de l'Espérou. Une caravane publicitaire réduite de 40% à cause du coronavirus. Passage attendu vers 15h10...
Les spectateurs ont attendu et ils ont été très déçus. Une cinquantaine de véhicules, pas plus, très peu d'objets distribués. Bref tout ça pour ça, rien à voir avec les caravanes publicitaires il y a encore quelques années.
Les coureurs approchent, ils sont dans le col de La Luzette et chacun y va de son favori ou de son chouchou. Des inscriptions au sol pour Thibault Pinot et une belle pancarte en faveur de Roglic, le Slovène. "Je l'ai cotoyé à Tignes, c'est un garçon adorable", explique Jacques qui vient de Méribel et sera sur le bord de la route jusqu'aux Champs-Elysées.
"Galinette" aussi est contente de sa journée ensoleillée (17° à l'arrivée): "trop bien, j'ai vu Pinot et Bardet. Demain, je serais au départ de Millau et après retour à la maison car je reprends le boulot lundi !"