Les constructions illicites ont progressé de 30 %, notamment à Nîmes. Exemple au Mas de Mayan, une zone inondable et donc inconstructible où poussent les constructions sauvages. Enquête de France 3 Nîmes.
Le phénomène des constructions illicites a connu une forte progression. Plus 30% d'infractions relevées en particulier sur Nîmes. Le secteur du Mas de Mayan est depuis des années témoin de ces constructions sauvages dans cette plaine agricole au bord du Vistre classée inondable et par définition inconstructible.
Un immense lotissement en zone inondable
Au sud de Nîmes, le chemin du Mas de Mayan définit la limite avec Milhaud. Des terres agricoles que les inondations ont par le passé fertilisé avec les sédiments du Vistre. La rivière serpente toujours à travers champs jusqu'au bout de la route. Là, un double portail barre l'accès à une propriété privée située côté Nîmes.
Le lotissement regroupe des dizaines de maisons bâties sur d'anciens jardins agricoles situés en zone inondable.
Une zone inondable, quand les permis ont été accordés par l'urbanisme, je ne vois pas en quoi je suis dans l'illégalité. Il y a des gens qui ont construit il y a longtemps, après chacun est responsable de ses choix.
Côté Milhaud, depuis 30 ans sur ces terres non-constructibles vendues au prix fort par les agriculteurs, ont poussé à l'abri de hauts murs, des cabanes et autres mobil home dits à titre temporaire qui parfois ont fait place à des belles maisons comme celles de la phtoto d'illustration de l'article détruite en 2019. Une des actions coup de poing du Groupement local de traitement de la délinquance (GLTD) en urbanisme créé il y a 5 ans sous l'égide du parquet pour traiter la zone.
Parmi les gens du voyage, installés de longue date certains s'estiment discriminés. L'un d'eux, sous condition d'anonymat accepte de nous montrer sa propriété familiale. Jadis il a vu lui aussi sa maison détruite.
On a démoli ma maison car nous faisons partie des gens du voyage.
D'autres plus récentes sont couvertes par le délai pénal de prescription passé à six ans depuis mars 2017.
A la mairie de Milhaud, on fait la part des choses :"Il y a quelques maisons en dur qui ont été bâties antérieurement qui sont référencées et cadastrées, elles doivent être une demi-douzaine. Tout le reste, ce ne sont que des constructions sauvages", indique Jean-Luc Descloux, maire de Milhaud.
Tout le reste, comme un petit lotissement repérable sur l'image satellite situé dans une zone à haut risque d'inondation.
Un fléau difficile à maîtriser
Le maire avoue se battre face à un fléau difficilement contrôlable : "Aucune commune ne laisse faire. L'Etat ne laisse pas faire mais les procédures sont tellement longues... Il faut qu'il y ait un tractopelle bleu, blanc, rouge, qui, dès qu'ils sont sollicités pour une construction, rentre sur réquisition et fasse son boulot.
Une fois que la maison est construite avec des enfants à l'intérieur, scolarisés ou malades, comment faites-vous humainement pour sortir les gens ?
On estime à une vingtaine le nombre constructions illicites rien que sur le Mas de Mayan. Le phénomène des villas fantômes est bien plus répandu sur l'ensemble de la commune.
Depuis deux ans, une audience dédiée à l'urbanisme a été créée au parquet de Nîmes. Les dossiers sont traités par un magistrat spécialisé. L'objectif est de donner une réponse pénale ferme à ce genre de pratiques illégales sur des sites classés ou naturels qui peuvent parfois s'avérer dangereuses pour les riverains, à cause des risques d'inondation ou d'incendie.