La chasse va-t-elle rouvrir pendant le confinement ? Les discussions entre représentants de l'Etat, chasseurs et agriculteurs sont en cours dans chaque département d'Occitanie. Dans le Gard, où les sangliers font le plus de dégâts, il faut passer à l'action sans tarder selon la fédération de chasse.
Depuis le 30 octobre, date du début du second confinement, la chasse dite de loisir est suspendue : il est donc interdit de chasser, même pendant une heure seulement et dans la limite d’un kilomètre autour de son domicile.
Néanmoins, des dérogations devraient être accordées aux chasseurs pour permettre la régulation de certaines espèces et éviter la prolifération des sangliers responsables d'importants dégâts sur les cultures. Idem pour les cervidés dans les forêts. Ces prélèvements doivent être définis au niveau local.
Pour Marc Valat, président de la fédération départementale des chasseurs du Gard, il y a urgence, particulièrement en ce qui concerne les sangliers qui causent les plus importants dommages financiers:
Si on ne régule pas les sangliers maintenant en novembre, au printemps, il y aura une surpopulation sans précédent et trois fois plus de dégâts dans les champs !
500 000 sangliers tués chaque année en France
Le Gard reste le premier département en France en termes de population de sanglier. Ce mammifère omnivore est particulièrement présent dans la Vallée du Rhône, au sud de Nîmes et en Camargue.
Lors de la dernière campagne de chasse 2019-2020, le montant des dégâts indemnisés s'est élevé à près de 340 000 euros. Plus de 30 000 sangliers ont été neutralisés dans ce département.
Au cours des 40 dernières années, alors que le nombre de chasseurs était divisé par deux en France, les populations de sangliers, elles, ont fortement progressé en France : le nombre de sangliers abattus a été multiplié par 10 entre 1975 et 2020.
En temps normal, entre un tiers et un quart des prélèvements de grand gibier sont effectués en France au mois de novembre. Près de 500.000 sangliers devaient être tués d'ici fin décembre.
Des prélèvements réduits au strict minimum
Cet automne, crise sanitaire oblige, les plans de chasse vont donc être bouleversés car les dérogations au confinement accordées aux chasseurs pour permettre la régulation de certaines espèces seront limitées "au strict minimum", a assuré lundi la secrétaire
d'Etat à la Biodiversité Bérangère Abba.
La Fédération nationale des chasseurs espérait que ces dérogations pourraient concerner aussi les lapins, lièvres, faisans et pigeons. En vain.
L'idée et la consigne passée aux préfets est de se tenir au strict minimum et tout ce qui pourrait ne pas présenter de caractère d'urgence n'aura pas lieu dans ce mois de confinement.
De quoi énerver un peu plus le président de la fédération départementale des chasseurs du Gard. Très mécontent, Marc Valat estime que les enjeux dans le Gard, et donc la part de risque pour les territoires ruraux si la chasse devait s'interrompre pendant tout le mois de novembre, ne sont pas du tout pris en compte.
Décision par département
En cette fin de semaine, dans chaque département, chasseurs, agriculteurs et représentants de l'Etat se retrouvent pour discuter dans les Conseils départementaux de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS ).
Ils doivent déterminer ensemble les objectifs de prélèvement pour le grand gibier et les dérogations concernant la chasse collective ou individuelle des espèces pouvant causer des dégâts aux cultures.
A priori, les prélèvements de sangliers et de cervidés ne pourront être effectués que par des battues et du tir à l'affût, sur demande de l'autorité administrative.
En Lozère, une partie des agriculteurs demande la réouverture de la chasse aux grands gibiers
En attendant, en Lozère, une bonne partie des agriculteurs tire déjà la sonnette d'alarme et réclame le maintien des plans de chasse établis pour les chevreuils et cervidés ainsi que le maintien de la chasse aux sangliers.Les chasseurs, au-delà du loisir et de l’activité sportive ont un rôle pour l’intérêt général et la biodiversité, plus particulièrement dans la régulation d’espèces.
Les jeunes agriculteurs (JA), FDSEA 48 et la Chambre d’Agriculture de Lozère demandent à la préfecture de "prendre en compte les importantes répercutions pour l’agriculture, la forêt et par conséquent la biodiversité puisque la population de gibier ne pourrait pas être régulée correctement", en cas de suspension de la chasse en novembre.