Agriculture : la population de sangliers en forte augmentation, mauvaise nouvelle pour le monde rural

Entre réchauffement climatique et interruption de la chasse pour cause de confinement, la population de sangliers est en forte augmentation en Occitanie. Les dégâts aux cultures et le coût de leur indemnisation par les fédérations de chasseurs sont une mauvaise nouvelle pour le monde rural.

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Depuis 5 ans l'accroisement de la population de sangliers est devenu hors de contôle.
On compte aujourd'hui 2 millions d'individus en France : en Occitanie les départements des Hautes-Pyrénées, du Gers et du Gard sont les plus touchés.
Du fait du réchauffement climatique, jamais les hardes ne se sont si bien portées : la nourriture est plus abondante, les laies sont plus fertiles (jusqu'à 3 portées sur 2 ans), et les marcassins plus nombreux à survivre à l’hiver.

Moins de tirs et de chocs sur les routes

L'interruption de la chasse pour cause de confinement, alors que la saison avait été prolongée exceptionnellement tout le mois de mars 2020, n'a pas facilité la régulation de cette population.
Or non seulement les fusils se sont tus, mais les voitures et les trains qui fauchent habituellement des milliers d’animaux sont restés au garage.
 
Résultat de cette quiétude inespérée : le taux de mortalité printanier des cochons sauvages s’est effondré.

Je tuais en moyenne un sanglier par an; j'en ai abattus 17 l'année dernière : 2 au cours de battues, tous les autres ont été des tirs d'opportunité. On en tue entre 9 000 et 11 000 par an dans le département : il faut absolument augmenter la pression de la chasse

estime Lionel Candelon, agriculteur et chasseur dans le Gers.
Les sangliers causent de gros dégâts aux cultures, en premier lieu au maïs et autres céréales : des parcelles de centaines d'hectares entourées de forêts de pins, comme on en trouve dans les landes, leur servent de refuge et de garde-manger; ensuite ils se déplacent vers les autres départements, ce qui explique que les Pyrénées-Atlantiques, le Gers et les Hautes-Pyrénées figurent parmi les plus touchés.

Des cochons dans la ville

Mais les cochons sauvages s'aventurent de plus en plus près des agglomérations : c'est une tradition très ancienne dans le Gard et à proximité de Nîmes; c'est aussi le cas désormais aux environs de la métropole toulousaine.
 
L'autre face du problème, c'est que ce sont les sociétés de chasse qui indemnisent les agriculteurs : un total de 60 millions d'Euros ont ainsi été versés en France en 2019 :

nous sommes une assurance gratuite pour les agriculteurs

constate Jean-Marc Delcasso, président de la fédération départementale du Gers.
Cet état de fait provient d'une loi promulguée en 1968; or en 50 ans la situation s'est dégradée de façon importante et les fédérations départementales de chasseurs n'auront bientôt plus les moyens de faire face à cette obligation financière.

La fédération nationale a décidé de déposer une QPC, une Question Prioritaire de Constitutionnalité, devant le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative en France. C'est Maître Patrice Spinosi qui s'est emparé du dossier et il a bon espoir d'aboutir

explique Serge Casteran, président de la fédération des chasseurs d'Occitanie.
Le législateur s'est penché sur le problème : une mission parlementaire sur « la régulation des populations de grand gibier et la réduction de leurs dégâts », a été remis l’an dernier.
Il se penche sur la « nécessaire réforme de l’indemnisation ». Il propose aussi de lever toutes les restrictions à la traque des cochons sauvages.
Mais le débat engagé a été remis à plus tard... pour cause de crise sanitaire.
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