En ce jour d'hommage à la directrice qui s'est suicidée la semaine dernière en région parisienne, des hommages ont eu lieu partout dans la région. Un ancien directeur d'école du Gard témoigne de conditions de travail difficiles et appelle l'Etat à une prise de conscience.
Il a été directeur d'école et à ce titre, le Gardois Olivier Dusserre-Telmont comprend mieux que quiconque la souffrance de Christine Renon, cette directrice qui s'est suicidée la semaine dernière sur son lieu de travail à Pantin, en région parisienne.
Il milite aujourd'hui au sein du syndicat SE-UNSA du Gard et comme ses collègues, il rendra hommage, ce jeudi 3 octobre, à l'enseignante. Mais il appelle aussi l'Etat à une prise de conscience.
Écrasés sous le poids des tâches quotidiennes
Devant notre caméra, il témoigne des conditions de travail difficiles des directeurs et directrices d'écoles en France :
97% d'entre eux ont des élèves, des classes à gérer, il y a le portail à ouvrir, il faut répondre au téléphone et aux mails. Et en cas d'urgence, intempéries ou intrusion, on a d'énormes responsabilités. Il faut en plus, dans ces moments-là, pouvoir "tenir la barque".
Le "coup au moral" de la suppression des emplois aidés
Olivier Dusserre-Telmont pointe du doigt la décision de supprimer les emplois aidés prise dès l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Une suppression qui a porté un véritable "coup au moral" des directeurs et directrices selon lui. Il parle d'épuisement moral.
Dans ce contexte, le CHSCT (Comité d'hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) du Gard a été saisi. Objectif : faire un point d'étape, réaliser un état des lieux des conditions de travail dans le département. Mais pour cet ancien directeur d'école, le dossier doit impérativement remonter au niveau de l'Etat, qui doit prendre des décisions.
Rassemblement à Nîmes et Montpellier
Le syndicat SE-UNSA du Gard appelait les enseignants à des rassemblements dans le calme devant leur inspection de circonscription ce jeudi 3 octobre, jour des obsèques de Christine Renon. À Nîmes, le monde de l'éducation a salué sa mémoire, et souhaite tirer les leçons de cette tragédie.Il faut une secrétaire qui puisse accueillir un parent qui demande un certificat, qui a un soucis et qui veut en parler à quelqu'un, répondre aux téléphone, aux emails, du matin au soir, on n'arrête pas. Et ce n'est pas du temps en plus qu'il nous faut, c'est du personnels.
- Evelyne Castera, directrice de l'école St Hippolyte du Fort
À Montpellier, plusieurs syndicats enseignants se sont rassemblés à midi devant le rectorat pour rendre hommage à la directrice décédée.
Tour à tour, ils ont lu la lettre de la directrice décédée, qui décrivait son profond épuisement professionnel, et son sentiment d'isolement face à une administration sourde. Son geste de désarroi a libéré la parole des enseignants.Le suicide de Christine Renon est un acte militant, et nous sommes là pour relever le combat qu'elle a voulu initier
- Sabine, de l'école primaire Sigmund Freud à Montpellier
Je suis sur trois établissements. Je suis 8 heures et demi par semaine dans ma voiture, pour me rendre d'un établissement à un autre. Des heures que je ne peux pas consacrer à la correction des copies et à la préparation de mes cours.
- Isabelle Peignot, professeure remplaçante
Ils ont alerté l'institution, et espèrent enfin provoquer une réaction des pouvoirs publics.Il suffit de voir le nombre de postes vacants en maths, en anglais... plus personne ne veut être prof, et c'est pour une raison.
- Sihame Borgi, professeure d'Espagnol