Fermé au public depuis le début du confinement, le Seaquarium au Grau-du-Roi (Gard), est privé de recettes. Pour continuer son activité et poursuivre ses missions de préservation des milieux marins, l’établissement recherche des financements et lance un appel à la solidarité.
C'est le cinquième site le plus visité en Occitanie. Avec 380.000 entrées par an, le Seaquarium du Grau-du-Roi vit uniquement des entrées du public. Il ne bénéficie d’aucune subvention. Sans visiteurs ni date de réouverture programmée, le centre craint pour son avenir. "80% de notre chiffre d'affaires est réalisé entre mai et août" affirme le directeur Jean-Marc Groul. Aujourd’hui, les pertes estimées s’élèvent à 1,5 million, soit le tiers des recettes annuelles.
Mais même si l’établissement est fermé, l’activité continue. 2.400 m2 sont consacrés à la découverte de la vie marine. 6.500 poissons issus de 500 espèces y vivent. Pendant la période de confinement, 200 hippocampes sont nés. "Fermeture ou pas, la vie des animaux continue" fait remarquer le directeur.
Il faut continuer à soigner les animaux, entretenir les bassins, poursuivre les actions de préservation et de sensibilisation sur les milieux marins. Soutenir le Seaquarium, c’est soutenir les projets de recherche et d’innovations.
Mais le Seaquarium n'est pas qu'une vitrine de la mer. Depuis sa création en 1989, il œuvre pour la préservation du monde marin. Tous les bénéfices sont réinvestis dans cet esprit. Le centre a ainsi participé à la création du Cestmed (Centre d'étude et de sauvegarde des Tortues Marines de Méditerranée).
Il a aussi donné naissance en 2017 à l’Institut marin, une association qui mène des actions en faveur des écosystèmes, comme par exemple les migrations des requins peau bleue en Méditerranée ou la collecte des déchets marins et leur valorisation à travers des filières innovantes. C'est le projet ReSeaclons.
Ces projets sont l’essence même du Seaquarium. On espère les poursuivre car il n’y a pas de temps à perdre pour préserver la Méditerranée. Notre mission est de sensibiliser le grand public à la fragilité du monde marin et nous voulons continuer à agir. Il y a urgence.
Plongé dans le noir par économie
Par mesure d’économie, l’éclairage public a été éteint et la présence du personnel est réduite au strict minimum sur le site. Élodie Sene est soigneuse animalière au Seaquarium depuis neuf ans. Elle n'avait jamais connu une telle situation.
"C’est très particulier raconte-t-elle. Pendant le confinement, on était quatre salariés dans l’aquarium, alors qu’on est habituellement quatre fois plus. On a soigné nos animaux comme d’habitude mais on a arrêté les animations pédagogiques et de sensibilisation, notamment pour les phoques et les otaries. C’est étrange de voir les gradins vides. Je suis impatiente de revoir les visiteurs."
La réouverture n'est pas pour tout de suite
Alors que certains sites pourront rouvrir mardi prochain, le 2 juin, ce n’est pas le cas du Seaquarium. Pour Jean-Marc Groul, le directeur, "il est préférable d’attendre encore quelques semaines pour accueillir le public en toute sécurité et garantir la qualité des visites. Pour l’instant, on attend les réglementations mises en place par le gouvernement pour décider du nombre de visiteurs journaliers".L’an dernier, au plus fort de la saison touristique,le site a accueilli 3.000 personnes par jour. Une réouverture partielle va peut-être permettre de limiter la casse, mais pas forcément renflouer les caisses.
Appel au financement participatif
Aujourd'hui, le Seaquarium a besoin de fonds. Le centre a opté pour un financement participatif. Il lance donc une cagnotte en ligne.
En échange de dons, l’établissement propose de rejoindre la communauté des "super défenseurs" de la Méditerranée. Les généreux donateurs pourront bénéficier d’un avantage exceptionnel (entrée, abonnement annuel, privatisation de l’aquarium) tout en parrainant une espèce.
Le reportage de Jérôme Curato et Eric Mangani