Avant de peindre une toile, Laëtitia Giraud prend la route de préférence à la tombée de la nuit pour photographier l'instant magique, lorsque l'éclairage public s'allume. À partir des jeux de la lumière sur les décors, son processus créatif peut commencer.
Fascinée par le crépuscule, l’artiste parcourt avec son appareil photo la ville de Nîmes. Son travail questionne l’ambiguïté du réalisme en peinture. Elle ressent de la jubilation à transformer l’image originelle, en suggérant et en créant un autre monde sur la toile.
Capturer l'instant magique
La pluie, les gouttes d’eau sur le pare-brise provoquent des diffractions de la lumière, en particulier avec l’éclairage des phares sur la route ou les feux stop rouges à l’arrière des voitures. Les camions sur l’autoroute la fascinent, les stations-service aussi pour la beauté sublime de leurs néons. Elle descend de la voiture et fait alors ses prises de vues. Elle choisit les instants où il n’y a personne. Sur les tableaux de Laëtitia Giraud, il n’y a pas âme qui vive : « Là, je suis ailleurs, dit-elle, comme dans un film ». Elle pénètre à l’intérieur de la station-service comme dans un décor de cinéma.
Créer un autre monde
À partir de l'image réelle instantanée, l'artiste travaille son tableau : « Je vais essayer d’extraire l’essence de ces photographies, à partir des lumières, du flou, du mouvement et de tout ce que j’ai ressenti quand j’étais sur la route. Et à partir de ça, je peins.»
Questionner le réalisme
La mise au flou constitue une dernière étape dans le processus de création de l’œuvre. À travers cette mise au flou, elle cherche à faire vibrer l’image, il doit y avoir du mouvement, du vivant. L'artiste se définit comme une « peintre de la vibration ».
Peindre la musique
Laëtitia Giraud dit « peindre la musique ». L’élément musical est important dans l’élaboration de ses tableaux. La peintre va écouter beaucoup de morceaux de musique avant de trouver le bon accord avec son sujet. Si les stations-service évoquent pour elle, la country, les routes sonnent rock façon Bruce Springsteen ou encore Chris Isaak dans « Wicked game ». Sa série de nues « The Chair » bouge au rythme « d’All shook up » d’Elvis Presley.
J’ai besoin énormément de musiques, de me plonger dans des univers parce que j’ai l’impression d’être dans un film quand j’écoute de la musique.
Laëtitia Giraudartiste peintre
Les tableaux de Laëtitia Giraud portent les noms de ces morceaux de musique. En regardant les œuvres de l'artiste, on pense au film "Mulholland Drive" de David Lynch, aux ambiances de route, la nuit avec ses atmosphères inquiétantes. Laëtitia Giraud est représentée par la galerie Artfontainebleau, la galerie Jamault (Paris 4e) et la galerie 1809 à Marseille.