"Oui, oui, oui", a répondu d'une voix tremblante Amaury Maillebouis, le visage blafard, alors que la présidente de la cour d'assises, Geneviève Perrin lui demandait s'il reconnaissait les faits. Le jeune père a avoué avoir tué son enfant de 8 mois. Le drame s'est produit à Bessèges en août 2012.
Le jeune homme, aujourd'hui âgé de 25 ans, comparaît pour "meurtre d'un mineur de 15 ans" et encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il est accusé d'avoir le 7 août 2012, lors d'une dispute avec son ex-compagne, pris leur fils Ambroise par la jambe et projeté sa tête au moins à deux reprises sur le sol, lui fracassant le crâne, avant de s'enfuir.
Il n'en avait rien à faire, il l'a laissé pour mort face contre terre et est parti pieds nus vers la forêt", a témoigné Marine, la mère d'Ambroise, fine silhouette vêtue de noir, lors d'une déposition ponctuée de larmes. "Il m'avait suppliée de venir pour qu'il puisse voir son fils et quatre heures après, il l'a tué.".
Le 7 août 2012, Marine, arrivée le matin même à Bessèges, dans le Gard, pour que le père voit son fils, lui avait reproché de l'avoir sorti en promenade sans lui mettre ni chapeau, ni crème, ce qui avait provoqué l'acte de violence du père.
Il avait ensuite brutalement repoussé la jeune mère qui tentait de lui prendre le bébé, la laissant prostrée, agenouillée près de l'enfant en sang, et avait pris la fuite dans une zone sauvage des Cévennes gardoises qu'il connaissait parfaitement.
Un voisin a entendu les hurlements de la mère : "Il a tué mon bébé !"
Activement recherché, Amaury Maillebouis s'était rendu le 11 août au matin.
Selon le magistrat instructeur, il n'avait à aucun moment reconnu les faits "d'une violence exceptionnelle", assurant n'en avoir "aucun souvenir" ou parlant d'un "accident".
Lors de ses premières auditions, Amaury Maillebouis est "très précis sur ce qui s'est passé avant et après mais il est dans le déni le plus complet sur la manière dont Ambroise est mort", dit un enquêteur à la barre.
Le procès tourne autour de l'état psychiatrique de l'accusé au moment des faits. Ce dernier a passé environ deux ans en hôpital psychiatrique depuis son arrestation.
"J'ai entendu des voix" déclare Amaury Maillebouis.
Deux collèges d'experts ont diagnostiqué une schizophrénie paranoïde de nature à abolir totalement le discernement. Mais une troisième expertise, retenue pour renvoyer le jeune homme devant les assises, fait état d'une personnalité "borderline" dont le discernement n'était qu'altéré.
Son ex-compagne ne veut pas entendre parler d'atténuation de responsabilité tout en reconnaissant avoir eu "peur de ses crises de violence" croissantes.
Il vit dans un autre monde qui n'est pas le mien", assure la jeune femme, parlant des "sentiments déraisonnés" qu'elle a pu nourrir pour l'accusé lorsqu'elle avait 19 ans.
La cour d'assises du Gard doit rendre son verdict mercredi.