"L'État plie devant les problèmes de société" : ce poste de police, ravagé par une explosion et un incendie criminel, pourrait ne jamais être reconstruit

Alors qu'un mineur de 15 ans vient d'être condamné par le tribunal pour enfants pour avoir participé à l'incendie du poste de police de Pissevin, en août dernier, les Nîmois qui vivent dans ce quartier sensible vont devoir se passer de présence policière : ce poste de police ne rouvrira a priori pas ses portes de sitôt.

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À peine ouvert, déjà fermé ! Dans le quartier Pissevin à Nîmes, le nouveau poste de police avait tenu 24 heures, l'été dernier. Ce local tout neuf avait été ravagé par une explosion et un incendie volontaire en pleine nuit, le 21 août dernier, au lendemain de son ouverture.

Ce local devait accueillir 17 policiers municipaux et une dizaine de d'agents de la police nationale dans ce quartier confronté à une violence endémique, où il n'y avait plus de bureau de police depuis 20 ans.

La sécurité des habitants du quartier

Pour certains habitants et commerçants de Pissevin, où vivent près de 16 000 personnes dans de grandes barres d'immeubles, ce poste de police représentait un espoir de changement, un symbole de la reconquête du quartier, situé à 6 km du centre-ville de Nîmes. "C'était la sécurité pour les habitants et pour les professionnels de santé. C'était super d'avoir ce poste de police à côté. C'est dommage, c'est l'État qui plie devant les problèmes de société", regrette Nicolas Pages, pharmacien.

C'était pourtant une promesse venue du sommet de l'État, après un terrible drame : un an plus tôt, jour pour jour avant cet acte de vandalisme, un enfant de 10 ans, Fayed, mourrait d'une balle perdue lors d'une fusillade entre bandes rivales. Gérald Darmanin, alors ministre de l'intérieur, était venu à Nîmes pour faire cette annonce, le 25 août 2023. "J'ai dit au maire, qui me l'a demandé, comme l'ensemble des élus, que j'étais favorable à ce qu'il y ait un poste de police municipale et nationale dans ce quartier."

Deux suspects identifiés

Un an plus tard, le poste de police partait en fumée. Un adolescent de 15 ans, suspecté d'être l'auteur de l'incendie, a été condamné lundi 9 décembre 2024 à trois ans de placement en centre éducatif fermé, dont deux ans de sursis probatoire, par le tribunal pour enfants de Nîmes.

Confondu par ses empreintes retrouvées sur un bidon d'essence découvert sur les lieux, ce mineur a affirmé avoir agi à la demande d'individus plus âgés, sans livrer de nom.

Un autre suspect, âgé de 28 ans, soupçonné d'avoir participé à l'opération voire de l'avoir dirigée, devrait passer devant la justice le 10 janvier prochain.

Vers un nouveau commissariat ?

Ce poste de police avait coûté 400 000 euros à la ville de Nîmes. Il ne devrait pas être reconstruit, car la mairie estime ne plus avoir les moyens d’effectuer les réparations.

Pour le moment, ni le ministère de l’Intérieur et ni la préfecture de Gard ne confirment ou n'infirment une éventuelle reconstruction du poste de police de Pissevin.

En revanche, la municipalité, elle, promet un nouveau commissariat mais pour plus tard : 

D’ici fin 2027, début 2028, il doit y avoit un commissariat de police à Pissevin, qui sera plus important, avec des effectifs recrutés, et qui fonctionnera H24 comme toute structure telle qu’un commissariat.

Richard Schieven, adjoint au maire à la sécurité 

La médiathèque du quartier condamnée

À Pissevin, 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le quartier affiche un taux de chômage qui avoisine les 30% : quatre fois plus que la moyenne nationale.

Pour certains, ce n'est pas un commissariat qui réglera tous ces problèmes, mais plutôt un vrai retour des services publics en général. "Dans ces quartiers, là, il faudrait des animateurs, des éducateurs, des associations qui donneraient des perspectives aux jeunes, qui leur qui permettraient de se dire "si on fait des études, si on va à l’école, on peut avoir un boulot". Cela serait vraiment des perspectives constructives" affirme Jérémie Uhl, professeur de français et d'histoire-géo.

Des souhaits que l'État et la ville de Nîmes peinent à réaliser pour l'heure : pour preuve, la médiathèque du quartier, pourtant rénovée à hauteur d'un million d'euros voilà quatre ans, va être détruite pour cause d'insécurité. Cambriolée, squattée par des dealers qui menaçaient et fouillaient les agents municipaux à l'entrée, la médiathèque Marc-Bernard a été fermée et va finalement être rasée. Un nouveau bâtiment devrait ensuite voir le jour, à quelques mètres de son emplacement actuel.

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