Les manadiers tirent la sonnette d’alarme, les pertes économiques liées au Coronavirus menacent leur survie

Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, l'activité des manadiers est à l'arrêt. La fédération a évalué les pertes entre mars et mai à plus de 3 millions d'euros et la situation pourrait encore empirer avec l'interdiction des rassemblements jusqu'au 15 juillet. 

Une situation "grave qui menace directement la survie des manades", c’est par ces termes que la fédération des Manadiers souhaite alerter sur sa situation, dans une note rendue publique.

En effet, depuis le début des mesures de confinement, les manadiers ont dû interrompre la quasi-totalité de leurs activités.
 

Des activités liées à la culture et au tourisme


"Les manades sont les seules exploitations agricoles qui vivent de la culture et du tourisme. Fêtes votives, férias… on participe au quotidien à l’organisation d’évènements très prisés par le public. Aujourd’hui, 95% de notre chiffre d’affaires est à l’arrêt. Seulement notre activité liée à la vente directe de viande fonctionne", déplore Florent Lupi, président de la fédération des Manadiers.
 

Les recettes des manadiers sont en effet réparties entre les activités suivantes :
  • Courses camarguaises, spectacles et traditions : 27%
  • Tourisme : journées camarguaises/hébergement restauration : 31%
  • Viande : 9%
  • Aides : 33%
Le constat est aujourd'hui sans appel, ils doivent désormais subsister avec très peu de revenus. "Je ne sais pas si on va pouvoir tenir, on n’est absolument pas optimistes. Si on ne voit pas nos charges baisser et si on ne nous apporte pas d'aides directes, je ne sais pas comment on va faire", explique Jacques Mailhan, propriétaire d’une manade familiale en Camargue.
 

Plus de 3 millions d'euros de pertes


Entre le 13 mars et le 31 mai, les pertes sèches pour les 116 manades de la fédération des manadiers ont été évaluées à plus de 3 millions d’euros. Un chiffre qui pourrait encore grossir en raison de l'interdiction des rassemblements jusqu'au 15 juillet. 
 

Juin, juillet, août, septembre, ce sont des mois durant lesquels notre activité est encore plus intense. Nous allons certainement multiplier l’impact économique par 10. On estime que l’on peut monter à 30 millions d’euros environ de pertes, précise Florent Lupi.


Et cette situation pourrait également avoir un impact sur l’ensemble du secteur du tourisme. Sur les deux régions dans lesquels les manadiers sont présents, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur, la fédération estime que les retombées économiques liées à son activité sont d'environ 40 à 50 millions d'euros par an.  
 

Face à ce constat, la fédération a alerté les acteurs locaux. Elle demande :
  • Un gel immédiat des charges de structure : loyers, fermage, assurances, crédits et traites, charges sociales et MSA (et non un report)
  • Un fond d’aide d’urgence pour les charges d’exploitation : fourrage et aliments, frais vétérinaires, entretien des clôtures et matériels, complémentaire des fonds de solidarité de l’Etat
  • Un message fort auprès des banques, afin de subvenir aux besoins de trésorerie des exploitations par le gel des échéances de crédit et traites sans surcoût

Des exploitations familiales


Dans la note qu’elle a rendu publique le 6 avril dernier, la fédération alerte :

"Ces exploitations agricoles familiales propres à nos territoires ont un équilibre économique fragile qui perdure désormais de façon structurelle. Les impacts liés au COVID19 ajoutent une crise conjoncturelle sans précédent face auxquels les manades ne pourront faire face qu’avec un appui déterminé des collectivités et de l’Etat".

Cette situation s’ajoute à la crise rencontrée par les manades depuis plusieurs années. En effet, en raison de l’évolution de la demande touristique, les manadiers auraient plus de difficultés à "être lisibles et attractifs" et à valoriser les impacts positifs représentés par les manades.
 

La note précise, "les manadiers sont depuis de nombreuses années confrontés à une crise structurelle importante, une trésorerie souvent déjà affectée, et ne pourront sans ce dispositif d’aide, maintenir leurs activités".
 

Des premières mesures


Sur le plan régional, différents soutiens ont déjà été manifestés. La députée de la quatrième circonscription du Gard, Annie Chapelier, a interpellé le ministre de l'économie, mais aussi celui de l'agriculture, sur l'impact de la crise sanitaire sur les manades.

La sénatrice des Bouches-du-Rhône, Anne Marie Bertrand, a quant à elle créé un groupe de travail au sein du Sénat pour apporter des solutions aux manadiers.

"On a un début d’élan de soutien de la part notamment de la région Occitanie. Elle a débloqué une enveloppe d’un million d’euros pour nous aider. C’est une satisfaction car on se sent reconnus mais cela ne permet pas de tout couvrir", détaille le président de la fédération.

En effet, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga a annoncé avoir débloqué une aide mensuelle spéciale de 2500 euros aux manades de taureaux Camargue. Une aide de 1 000 euros sera également apportée aux éleveurs de chevaux.
 
Outre les manades, les éleveurs de chevaux destinés à ces professionnels sont également fortement touchés par la crise. La fédération des Manadiers apporte son soutien à ces éleveurs : "l’argent c’est le nerf de la guerre, on veut faire le lien avec chaque éleveur qui nous sollicitera pour éviter les problèmes bancaire. Notre objectif c’est de ne laisser personne au bord de la route".
 
L'actualité "Culture" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Occitanie
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité