La cour d’assises de Nîmes a condamné Anthony Riss mardi soir, à 20 ans de réclusion criminelle, accompagnée d’une période de sûreté de 10 ans, pour le meurtre d’une prostituée en mai 2018 à Rodilhan. Un homicide au « mobile sordide » : le doublement du tarif de la passe.
Après deux jours d’audience devant la cour d’assises de Nîmes, le verdict est tombé : Anthony Riss, 23 ans, est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté de 10 ans. Le délibéré a duré une heure.
Les jurés ont donc suivi les réquisitions du procureur, pour condamner cet ex peintre en bâtiment, jusque-là sans casier judiciaire, qui pourtant est passé à l’acte dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2018.
Cinq coups de couteau
Cette nuit-là, Anthony Riss prend la route à Rodilhan, près de Nîmes dans le Gard, pour retrouver Nicoleta, une prostituée roumaine avec qui il entretient des relations sexuelles, parfois payantes parfois « amicales et gratuites». Dans la voiture une dispute éclate. La jeune femme tente alors de sortir du véhicule et tourne le dos à son assaillant qui lui infligera cinq coups de couteaux. Le premier est mortel.
La jeune femme s’effondre sur le trottoir, mais « comme si tout cela ne suffisait pas, pour s’assurer de l’achever il la percute » avec la voiture, précise l’avocat général Patrick Bottero, qui souligne l’acharnement de l’agresseur et son intention certaine de donner la mort. Le corps de Nicoleta sera retrouvé le 3 juin dans un fossé. Elle avait 25 ans.
#Nimes #assises #meurtre d’une jeune prostituée. « Elle a annoncé le doublement du tarif, j’ai pris le couteau. Elle a commencé à crier. C’est là que les coups sont partis » pic.twitter.com/kr301PAIVI
— hocine rouagdia (@hocinerouagdia) March 22, 2021
La vie de Nicoleta pour 150 euros
Des faits particulièrement sordides en raison du mobile avancé par l’agresseur : le doublement du tarif de la passe, soit 150 euros. Face à l’horreur des faits qui lui sont reprochés, Anthony Riss qui a avoué le meurtre n’a exprimé aucun regret, expliquant son passage à l’acte suite à un « débordement de colère ».
"On ne peut pas entendre que parce qu'elle était dans cette situation de prostitution les faits seraient moins graves. La société protège la vie de tous ses membres de la même façon" tonne l'avocat général.
A la barre, les témoignages de proches de l'accusé confirment que le jeune homme de 23 ans, ex peintre en bâtiment est colérique, voire potentiellement violent. Sa mère souligne le parcours scolaire difficile de son fils, renforcé par une épilepsie photosensible depuis l’enfance. La défense (Mes Greffier et Ferry) insiste également sur le jeune âge d’Anthony et son caractère profondément immature.
Un profil "particulièrement inquiétant"
Des éléments qui n’ont pas permis de nuancer le profil « particulièrement inquiétant » dressé par l’avocat général, d’un homme qui n’a pas pris conscience des « conséquences que ça a pour la victime et sa famille ».
Une victime particulièrement invisible lors de ce procès. La jeune femme de 25 ans était originaire d’une région pauvre de Roumanie. Elle avait quitté ses parents agriculteurs pour tenter sa chance en France.
La vie de Nicoleta était compliquée, difficile. On n'a même pas de photo d'elle à part celle de son corps.
Un rêve français
Un « rêve français » qui a tourné au cauchemard. Car très vite, la jeune femme tombe dans la prostitution et sera même "victime de très graves violences" de la part de membres d'un réseau de proxénétisme démantelé en 2016 à Nîmes.
Marian, le père de la victime n’ayant pas pu se rendre au procès, c’est son avocate Me Pauline Garcia, qui a rappelé « les liens indéfectibles » entre cette fille unique et son père. Ainsi que son espoir de faire condamner le meurtrier de sa fille "pour qu'il ne fasse pas souffrir d'autres familles".