Selon nos informations, l’ancien représentant de l’Education Nationale dans la région travaillerait, notamment en Chine, pour l’institut d’Alzon et conseillerait en parallèle Nîmes Métropole, un organisme et une collectivité tous deux présidés par Yvan Lachaud. 

Avec 5200 élèves dans le Gard, l’institut Emmanuel d’Alzon est un poids lourd de l’enseignement privé en Languedoc Roussillon.  Le groupe scolaire a aussi des projets d'expansion à l’international.
L'an dernier, en 2017, l’institution catholique a ainsi ouvert une école en Chine, dans la ville de Chengdu. Le groupe scolaire vient d'ailleurs de signer, le samedi 23 juin 218, la prochaine étape de ce projet, comme l'annonce Yvan Lachaud sur sa page facebook. 
 
Sur la photo apparaît le directeur de l'institut d'Alzon et président de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud sur le point de signer un nouveau partenariat avec la Chine. A l'extrême droite du cliché se trouve un personnage clé de ce projet : un certain Louis Yang. En France, ce franco-chinois est un rouage incontournable dans le cadre du jumelage entre la ville de Montpellier et celle de Chengdu. C’est son entreprise, la Chengdu Montpellier Rabelais Educative Consulting Compagny LTD, qui s’est associée avec l’Institut d’Alzon pour ouvrir les premières classes d'Alzon en Chine en 2017. Il fait partie de toutes les délégations académiques, s’occupe de partenariats avec le rectorat de Montpellier. Présenté également comme directeur général délégué de d’Alzon en Chine, son omniprésence lui vaut aujourd’hui de vives critiques.

Mais un personnage de marque manque sur cette image. Un ami d’Yvan Lachaud. Ancien député comme lui mais dans la 4e circonscription du Rhône, sous l’étiquette UMP. Son nom : Christian Philip.

Christian Philip n’est pas un inconnu dans la région. Il a été durant cinq ans Recteur de l’académie de Montpellier. Fonction qu’il a quittée en 2013, pour prendre sa retraite. Depuis au moins 2016, l’ancien membre de l’éducation national travaille à l’implantation du groupe scolaire d’Alzon en Chine. Sa mission est de s’occuper du recrutement des enseignants. Cette activité fait tousser chez les syndicats d’enseignements qui y perçoivent un conflit d’intérêt. 

« On est un peu surpris qu’un ancien recteur travaille, même bénévolement, pour un institut privé qui faisait partie des établissements dont le rectorat s’occupait, souligne le délégué SNES-FSU de l’Hérault, Bertand Humeau. C’est problématique car cela met au service de l’enseignement privé, les compétences, les connaissances d’un ancien recteur alors qu’il nous semble que déontologiquement un ancien recteur devrait rester sur la réserve su ce genre de questions ou mettre son expertise au service du service public. ».

Déontologiquement un ancien recteur devrait rester sur la réserve sur ce genre de question ou mettre son expertise au service du service public.

Même son de cloche du côté d'Olivier Dusserre-Telmiont, délégué UNSA pour le Gard : "cela ne peut qu’interroger un enseignant comme moi d’une école publique de voir un ancien recteur s’investir autant dans un institut privé. Qu’un ancien recteur, donc un ancien haut fonctionnaire de l’éducation nationale s’investisse à ce point au bénéfice d’un institut privé qui ne fait rien, et c’est le moins que l’on puisse dire, pour faciliter la mixité sociale. Surtout qu’il y a un contexte dans l’académie de Montpellier qui voit une certaine forme d’opacité depuis quelques années sur les fonds publics destinés à l’enseignement privé. La commission n’a jamais été réunie par la précédente rectrice, Armande LePellec-Muller. Il y a un entre soi qui s’organise au détriment des plus pauvres"

Ce qui m’interroge, c’est qu’un ancien recteur, un ancien haut fonctionnaire de l’éducation nationale, même si c’est bénévolement, se mette au service d’un institut privé qui ne fait rien, c’est le moins que l’on puisse dire, pour la mixité sociale.

Contacté par nos journalistes, Yvan Lachaud n’a pas souhaité répondre devant notre caméra. Le président de Nimes Métropole a néanmoins précisé sa position par un communiqué de presse.

Christian Philip ne travaille pas pour d’Alzon mais nous aide bénévolement en nous apportant son expérience. Il n’y a aucun conflit d’intérêt et tout est parfaitement légal. 

De son côté, Christian Philip écarte le problème : 

« Je suis à la retraite et travaille pour l’intérêt général, assure Christian Philip. C’est George Frêche qui m’avait suggéré de créer des écoles en Chine. Il ne pouvait s’agir que d’une école privée, puisque malheureusement une école publique française ne peut pas créer une filiale. C’est tout naturellement et en raison de mon amitié avec Yvan Lachaud que j’ai proposé le projet à d’Alzon. Je n’y ai d’ailleurs aucun pouvoir décisionnel. Je conseille bénévolement Monsieur Lachaud. »

Selon les éléments en notre possession, Christian Philip et Yvan Lachaud auraient reconnu être intervenus directement aussi bien au niveau de l’inspection d’académie qu’au ministère, pour faciliter l'embauche par d'Alzon d'une enseignante de chinois pour son école à Chengdu. 

La demande de mise en disponibilité de cette professeur de chinois a d'abord été rejetée une première fois en raison du manque d’effectif au sein de l’Education Nationale.
Mais 10 jours plus tard, revirement de situation : la mise à disposition de l’enseignante est finalement acceptée alors qu’elle n’a formulé aucun recours auprès de l’académie.

« J’ai simplement averti, à titre personnel, la rectrice, Armande LePellec-Muller, sur ce dossier, se défend Christian Philip. La première demande a été rejetée car elle était hors délai. Il arrive très régulièrement que le rectorat réétudie les dossiers. D’ailleurs, la directrice de l’école dont dépendait l’enseignante était heureuse de s’en débarrasser car elle a un relationnel très difficile et qu’elle posait problème. »

J’ai simplement averti, à titre personnel, la rectrice, Armande LePellec-Muller, sur ce dossier. La première demande a été rejetée car elle était hors délai. Il arrive très régulièrement que le rectorat réétudie les dossiers. D’ailleurs, la directrice de l’école dont dépendait l’enseignante était heureuse de s’en débarrasser car elle a un relationnel très difficile et qu’elle posait problème

Contacté, le rectorat de Montpellier reconnaît uniquement « une intervention orale de la direction de d’Alzon », donc Yvan Lachaud, pour solutionner ce problème.
  
Des pratiques que ne cautionne pas Bertrand Humeau du SNES-FSU : « qu’il y ait eu l’intervention d’un ancien recteur pour régler cette situation ça nous pose problème. On a souvent des collègues qui ont besoin de l’institution et a qui ont répond qu’il n’y a pas de disponibilités et de possibilité de modification administrative. Nous condamnons ces pratiques. Il faut que tout soit fait de façon équitable et dans la transparence. »

L’aide de Christian Philip à Yvan Lachaud ne se limite pas à l’Institut d’Alzon. Yvan Lachaud est en effet aussi président de Nîmes Métropole. Une collectivité qui bénéficie aussi des conseils de l'ancien recteur en matière d’enseignement depuis 2014.

Même si Christian Philip, là encore, assure ne toucher aucun honoraire, la société de conseil qu’il préside, GP Conseils, a obtenu par ailleurs un marché d’un montant de 22000 euros par an. 

Une situation qui fait réagir les élus d'opposition. Catherine Bernié-Boissard, élue d’opposition PCF à Nîmes Métropole, avoue s'interroger sur la pertinence de ce rôle de conseil. 

Nous pouvons nous interroger sur cette activité dans la mesure où la communauté d’agglomération, à ma connaissance, n’a pas comme compétence obligatoire l’enseignement supérieur mais ne l’a même pas choisi de façon facultative comme d’autres communautés ont pu le faire.

Contactée également, l’académie de Montpellier ne souhaite pas plus se positionner sur cette affaire.
 
Le rôle de conseil de l'ancien recteur de l'Académie de Montpellier auprès d'Yvan Lachaud, président de l'Institut d'enseignement catholique privé et de Nîmes Métropole posent questions, pour les syndicats d'enseignants et les élus d'opposition. Le point avec Sylvain Duchampt ©F3 LR
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