A Nîmes, Gérard Fesch, fils d'un homme guillotiné en 1957 pour avoir tué un policier, demandait la réhabilitation de son père. Le Conseil Constitutionnel la lui refuse mais ouvre la voie à un "rétablissement de l'honneur" des condamnés exécutés via une réforme de la loi interdisant tout pardon.
Il réside à Nîmes (Gard), il s'appelle Gérard Fesch et il se bat depuis des années pour la réhabilitation de son père, Jacques Fesch, guillotiné en 1957 pour avoir tué un policier. Sans accéder à sa demande d'abrogation de la loi interdisant tout pardon pour les condamnés à mort exécutés, le Conseil Constitutionnel vient toutefois d'ouvrir la voie à une possible réforme qui introduirait la notion de "rétablissement de l'honneur".
Rétablissement de l'honneur en cas de "gages d'amendement" ?
Selon nos confrères de l'Agence France Presse qui se sont procurés le jugement :
Les Sages ont ouvert une porte en proposant au législateur d'instituer une nouvelle procédure "tendant au rétablissement de l'honneur" d'un condamné à mort, s'il a fourni "des gages d'amendement" avant l'exécution de cette peine.
Conversion en prison
La balle est donc maintenant dans le camp du Parlement. Si le législateur décidait de réformer le texte, Jacques Fesch pourrait peut-être en bénéficier. Car il a opéré une conversion complète en prison, avant son exécution.
Procès en béatification
Durant sa détention, le condamné est en effet devenu un croyant mystique. Il a même publié plusieurs livres sur la religion qui ont fait date, au point que l'Eglise catholique a engagé une procédure de béatification. C'est au nom de ce changement radical que son fils Gérard Fesch demande, depuis, la clémence de la justice française :
Le but est de montrer que tout homme peut changer entre le moment où il est entré en prison et le moment où il a été exécuté.
Refus de grâce
Jacques Fesch avait demandé en vain d'être gracié. Face au refus du président de la République de l'époque René Coty. Il a finalement été exécuté le 1er octobre 1957, à l'âge de 27 ans.
Un enfant abandonné qui se bat pour la mémoire de son père
Gérard Fesch, musicien retraité de 65 ans, enfant de l'Assistance Publique abandonné à sa naissance par sa mère pendant que Jacques Fesch était en prison et ballotté dans différentes familles d'accueil, a découvert à 40 ans, à la lecture d'un article de L'Express en 1994, son lien de parenté avec son père. Depuis, il se bat pour "un pardon laïc" à titre posthume.
Un combat désormais politique
Si le Conseil constitutionnel ne lui a pas donné raison en refusant d'abroger la loi, l'ouverture offerte par les Sages est pour lui une demi-victoire. Il promet de continuer désormais son combat sur le terrain politique, pour convaincre les parlementaires de modifier le texte.