"Odeurs d'excréments, cellules de 6m² vétustes", des avocats dénoncent les conditions de garde à vue au commissariat de Nîmes

"Des conditions de détention indignes et insupportables" au commissariat de Nîmes, dans le Gard. C'est ce que dénonce l'ordre des avocats de la capitale gardoise. Les cellules sont dans un tel état de vétusté que les avocats estiment qu'il y a violation manifeste de la dignité humaine des personnes gardées à vue. Une procédure a été lancée contre le ministère de l'Intérieur, par le biais d'un référé devant le tribunal administratif.

Le gouvernement est dans le viseur de l'ordre des avocats du Gard. Ces défenseurs du droit ont saisi le tribunal administratif de Nîmes pour des faits de violations manifestes de la dignité humaine concernant des personnes en garde à vue au commissariat central de la ville.

Ils réclament une rénovation des cellules et une réorganisation des conditions de détentions.

Ce jeudi, une requête a été déposée devant le tribunal administratif pour que l'État garantisse la dignité et le respect de la vie privée des personnes gardées à vue.

"Des conditions inhumaines et dégradantes"

C'est en mars dernier, lors de la visite nationale des lieux de détention, que l’ordre des avocats gardois a constaté l'ampleur de la situation.

Des geôles du commissariat de Nîmes de 6m² dans lesquelles sont gardées à vue jusqu'à trois personnes, durant 24 à 96 heures. Odeurs nauséabondes d'excrément et d'urine. Les personnes gardées à vue subissent la négation de leur dignité.

Khadija Aoudia, bâtonniere du barreau de Nîmes

Selon eux, le commissariat central de Nimes n'a pas été rénové depuis son inauguration en 2004. L’ordre des avocats réclame une réorganisation des conditions de détention et une rénovation des locaux et précise que ce ne serait pas une recherche de confort ou de luxe mais un simple respect, la dignité humaine et du droit à la Défense.

"On a pu constater que bon nombre de cellules ne contenaient pas de point d’eau, ni de toilettes et ne rentraient pas dans les critères fixés par la Cour européenne des droits de l’homme visant à respecter la dignité de tout individu dans le cadre d’une garde à vue. Notre but est également d'alerter les pouvoirs publics eux-mêmes de la réalité de cette situation insupportable", explique Arnaud Lemoine, pour le conseil de l'ordre des avocats de Nîmes.

Chaque citoyen est concerné

Selon cet avocat spécialisé en droit administratif, il y a 800 000 gardes à vue ordonnées en France chaque année. Seules 10% de ces personnes feraient ensuite l'objet de condamnations et d'incarcérations. Par conséquent, dans 90% des cas, ce sont des innocents qui sont susceptibles de se retrouver en garde à vue pour les besoins d'une enquête.

Lors de l’audience, selon notre confrère de France 3 Pays Gardois Tristan Vyncke, les représentants du ministère de l’intérieur ont tenté de minimiser les manquements et ont indiqué qu’il faudrait plus 150 000 € pour rénover correctement les lieux.

Le tribunal administratif de Nîmes doit décider vendredi s'il fait suite aux demandes des avocats et si des mesures d'urgence doivent être prises dans les cellules du commissariat.

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