Surnommée "la sage-femme de l'Etat islamique", une trentenaire originaire de Nîmes devant la cour d'assises spéciale

Douha M., une jeune femme originaire de Nîmes comparaît pour trois jours devant la cour d'assises spéciale de Paris - chargée des affaires de terrorisme - pour son appartenance supposée à l'Etat islamique en Irak. Elle risque 30 ans de prison.

Douha M., une jeune femme âgée de 32 an est jugée depuis ce lundi 27 février par la cour d'assises spéciale de Paris pour son appartenance supposée à l'Etat islamique. La Nîmoise, qui suivait des études de sage-femme, se serait radicalisée en quelques jours en 2013 en regardant des vidéos de propagande sur internet. C'est aussi du jour au lendemain, qu'elle se met à porter le voile et qu'elle abandonne des études devenues incompatibles avec ses choix religieux.

Motivée pour un camp d'entraînement

Après un séjour chez ses grands-parents au Maroc, elle part en Turquie où elle se marie. Selon l'accusation, la motivation de la jeune femme pour rejoindre un camp d'entrainement en Syrie est bien réelle  : "Sa motivation est alors déjà bien ancrée, puisqu'elle a décidé de partir seule en dépit de son jeune âge et n'a pas hésité à se plier aux conditions d'un mariage avec un homme qu'elle venait tout juste de rencontrer afin de mener à bien son projet."

Des problèmes de santé liés à une grossesse compliquée la ramènent en France. Elle accouche d'un premier enfant qui décède le lendemain de sa naissance. Tout de suite après, durant l'été 2014, elle reprend les démarches pour repartir en Syrie rapportent nos confrères du journal Le Point.

Vols pour payer les passeurs

Elle part en Turquie d'où elle sera refoulée à plusieurs reprises. Après un passage en Mauritanie pour se former à la religion, elle repart au Maroc puis en France. Elle vole la carte d'identité de sa mère et des bijoux à sa belle-mère pour payer les passeurs.

Elle divorce de son premier mari, en épouse un second avec lequel elle se rend en Turquie, puis elle arrive en août 2015 à Mossoul, en Irak, où elle est prise en charge par des membres de l'État islamique. Entre-temps, elle accouche d'une fille. Elle et sa famille resteront sept mois en Irak avant de partir pour Raqqa en Syrie, en avril 2016. Elle y sera surnommée, "la sage-femme de l'Etat islamique". Elle reconnaît avoir aidé des dizaines de femmes à accoucher en Irak et en Syrie.

Kalashnikov


Elle reconnaît aussi avoir régulièrement porté une kalashnikov. Elle quitte la Syrie en novembre 2016 et est interpellée quatre mois plus tard en tentant de franchir clandestinement la frontière entre la Turquie et la Syrie. Selon l'accusation, Douha M., "convaincue alors par le discours d'instauration du califat, a ainsi installé sa famille au sein de l'EI, soutenu son mari dans ses activités combattantes et exercé elle-même en tant que sage-femme, fonction hautement symbolique au sein d'un proto-État nation ayant axé l'essentiel de sa propagande sur l'émigration et les jeunes générations de moudjahidines."

Tentative d'évasion de Fresnes

Elle tente de s'évader de la prison de Fresnes en novembre 2021 peut-être avec l'aide de complices dont son mari introuvable depuis plusieurs années. Douha M. comparaît donc cette semaine après six ans de détention provisoire devant la cour spéciale de Paris. 

Elle reconnaît l’intégralité des faits qui lui sont reprochés. Elle va s’attacher à expliquer avec précision les ressorts idéologiques et personnels de son passage a l’acte.

Me Joseph Hazan

Avocat de la défense

"La durée singulière de détention provisoire, près de 6 ans, a au moins permis d’initier un travail d’introspection relevé dans tous les rapports extrêmement riches et positifs rédigés en détention. Nous espérons que la cour entende le parcours personnel et la juger a l’aune de ce qu’elle est aussi aujourd’hui", assure Me Joseph Hazan, son avocat joint par France 3 Occitanie.

Le procès doit durer trois jours. Le verdict est attendu mercredi 1er mars. La jeune femme encourt trente ans de réclusion.

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